Hommage à un grand homme
Témoigner en hommage d’une personne qui nous a quittés, c’est parler du changement positif qu’elle a apporté pour soi et pour les autres. Nombre de témoignages à l’échelle internationale ont été faits en hommage à l’imam réformateur Abdessalam Yassine décédé le 13 décembre 2012. Son œuvre en totale adéquation avec sa pensée et ses principes, son détachement matériel, ses écrits qui dégagent le parfum puissant de son souci de Dieu et de la vie dernière ont fait de lui un homme hors du commun.
Les lignes qui suivent témoigneront du changement que cet homme a amené dans mon parcours.
LA PREMIÈRE FOIS QUE J’ENTENDS PARLER DU PROFESSEUR ADBESSALAM YASSINE
Étudiant en classe préparatoire aux grandes écoles, j’avais vingt ans lorsque j’ai rencontré un étudiant venu du Maroc, qui, par sa façon d’être, constituait un modèle d’équilibre et de sagesse. Il apportait une lecture nouvelle des textes, différente de ce que nous avions pu apprendre jusqu’à présent : la recherche de l’excellence et l’ambition dans les études, être au service de ses parents, développer le goût pour la lecture, approfondir sa spiritualité en marquant concrètement des temps de dhikr dans la journée.
Ces enseignements qui mettent l’accent sur la sincérité et donc sur le fond avant la forme étaient une révolution. Cet étudiant, qui allait à la rencontre de nos parents pour leur prêter main-forte sur notre réussite scolaire nous disait : l’islam n’est pas un folklore… gare à l’ostentation… ne sois pas cette coquille vide qui parle sans spiritualité.
Ce jeune homme qui insistait sur l’importance de l’équilibre et d’éviter de glisser vers les extrêmes, nous parlait à certaines occasions du professeur Abdessalam Yassine qu’il avait eu l’occasion de côtoyer au Maroc.
Ce fut pour moi, le premier ambassadeur-élève de cet homme pieux.
SON ECOLE ME CONCERNE
Le professeur Abdessalam Yassine avait fondé au Maroc une école dont les fruits arrivaient en Europe à travers des étudiants aux parcours exemplaires qui partageaient au sein des mosquées leur savoir avec une jeunesse musulmane européenne en soif d’apprendre.
Plus qu’un simple apprentissage, cette école, qui prenait racine en France et ailleurs en Europe, a eu l’ambition de transmettre aux musulmans européens le souci d’une spiritualité authentique en même temps qu’une façon de penser l’Islam en harmonie avec son contexte. Ce travail de réflexion qui va interroger les textes et prendre en compte le contexte fut l’œuvre commune d’étudiants arabophones, très bien instruits et doués de patience, et de jeunes musulmans européens qui étaient les mieux placés pour connaître leur contexte.
Chaque individu au sein de ce travail avait une valeur sacrée et son avis comptait dans la réflexion. Le résultat final, fruit de la concertation, était adopté par tous avec confiance.
Cette noble entreprise, qui donnera naissance en France à PSM en l’an 2000, fut le fruit d’un amour sincère en Dieu, pour Dieu et par Dieu. L’éthique de cette école basée sur la justice sociale et la spiritualité peut se résumer par l’enseignement du Prophète (paix et salut sur lui), qui, à son arrivée à Médine, s’adressa à la population en ces termes : « Transmettez la paix, nourrissez le nécessiteux et priez [la nuit] lorsque les gens dorment, vous entrerez au paradis dans la paix ».
RETOUR SUR SOI, LA PENTE A GRAVIR
L’école, qu’a fondée le professeur Abdessalam Yassine, met au cœur de toutes les préoccupations et de toutes les rencontres le souci de Dieu et de la vie dernière, pour laquelle tout se joue maintenant.
Cet homme, au bout d’une longue quête spirituelle, a pris conscience des hauts degrés auxquels aspiraient les compagnons et qui sont décrits dans plusieurs passages du Coran et dans de nombreux hadiths. Son souci le plus profond qu’il a voulu transmettre à la communauté fut de ne pas gâcher la vie dernière à cause de négligence dans la vie d’ici-bas.
C’est au sein des assises spirituelles qu’on découvre progressivement la réalité du nafs enfoui en chacun de soi et qui expose l’homme, dépourvu de sens et de volonté, à sa perte. En compagnie des hommes pieux et des véridiques, cette découverte d’une partie de soi est effrayante et angoissante. Comment faire pour gravir la pente, dépasser les obstacles pour garantir son salut quand le danger est à l’intérieur ? Par où commencer ? Comment poursuivre le chemin ?
Seul, on ne peut aboutir. C’est par cette bonne compagnie, composée d’une communauté fraternelle et de son fondateur, que le changement s’opère et que la pente vers les sommets s’adoucit.
Ce cadre éducatif vise à reproduire l’expérience vécue par les compagnons qui étaient à la fois éduqués par le Prophète (paix et salut sur lui) et qui, en même temps, s’éduquaient entre eux.
OUVERTURE VERS LES AUTRES
Cette amère découverte de soi et le gigantesque travail de réforme intérieure que cela exige ne doit pas pour autant nous renfermer sur nous-mêmes, telle une confrérie coupée des autres. Cet homme nous apprend à travers son expérience propre à avoir confiance en Dieu et à s’ouvrir sur le monde, à porter un message à l’Homme contemporain et à l’interpeller, avec toute la délicatesse que cela implique, sur le sens de son existence et lui faire redécouvrir sa vraie nature et son devenir.
Il nous a fait découvrir que le Prophète (paix et salut sur lui) a toujours fait le choix de l’ouverture et du dialogue afin de gagner les cœurs. La plus efficace des armes dans ce combat est l’amour qui mène à aimer pour son prochain ce qu’on aime pour soi-même.
ASSUMER SES RESPONSABILITÉS
À sa mort, il nous a légué un riche patrimoine composé de livres, d’enregistrements audio et vidéo et de témoignages de ses proches. Il a légué le même souci de la spiritualité à ses élèves, hommes et femmes, qu’ils résident en orient comme en Occident.
Le plus grand et le plus beau des héritages qu’il aura légué est cette communauté d’hommes et de femmes au comportement et à l’engagement exemplaires, animés d’une certitude que le changement que l’humanité attend se fera en grande partie par l’amour.
Assalam aleykoum
tres beau temoignages et resumer de sa pensée
on aurait aimé plus de temoigages du temps de son vivant
qu’allah le tres haut lui accorde sa misericorde