Amour, avant ou après le mariage ?
Cette question ainsi posée peut être discutée sous des approches multiples. Peut-on éprouver de l’amour envers quelqu’un avant le mariage ? Est-ce autorisé sur le plan religieux ? Peut-on concevoir un mariage sans sentiments au préalable ? Faut-il nécessairement aimer la personne avant de se marier ?
Définition de l’amour
Qu’entend-on par ce terme qui peut prendre plusieurs sens dans l’usage de la langue ?
En tant que concept général, l’amour renvoie la plupart du temps à un sentiment très intense d’affection et d’attachement englobant la tendresse et l’attirance physique entre deux personnes.
C’est par ailleurs le sentiment d’affection qui unit les membres d’une même famille. Il est synonyme de tendresse.
C’est aussi dans un autre contexte, un mouvement de dévotion, de dévouement qui porte vers quelqu’un, une divinité ou encore un idéal. On parle d’amour de Dieu qui prend le nom de piété ou d’amour du prochain qui traduit la notion d’altruisme.
Dans l’Islam, quelle place prend l’amour dans le mariage ?
Pour répondre à cette question, revenons aux fondements du mariage en Islam.
Les fondements du mariage
Au regard des textes, l’amour entre un homme et une femme n’est reconnu qu’à travers le lien légal du mariage. Il s’agit donc d’une relation qui engage l’un et l’autre devant Dieu, devant l’autorité compétente à marier (l’état civil du pays où l’on vit qui permet de garantir les droits de chacun ainsi que l’imam qui, lui, joue un rôle moral) et devant la communauté (la famille, les amis, etc.).
L’Islam prône et encourage le couple à construire une relation stable. Les fondements sur lesquels doit se bâtir cette union se trouvent dans le verset suivant : Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la clémence. Il y a en cela des signes pour des gens qui réfléchissent (Sourate les Romains, v 21).
Le Prophète, paix et salut sur lui, nous informe que le mariage constitue la moitié de la religion d’après des sources rapportées par l’imam Bayhaqi. C’est le pacte auquel Dieu a accordé le plus d’importance. Le bonheur du croyant et de la croyante se trouve dans une vie de couple qui se construit et s’épanouit au fil du temps.
N’est-ce pas une utopie que de croire qu’un couple s’épanouit dans le temps alors que l’amour, dans les faits, a plutôt tendance à faner dans la durée ? La société ne nous expose-t-elle pas une variété de tentations, de rencontres facilitées aujourd’hui par l’outil Internet et de séductions qui altèrent et parfois brisent toute intention de fidélité.
Très souvent, l’amour est réduit à la plus simple expression qu’est la relation sexuelle. C’est le désir et la passion qui l’emportent sur la raison. L’amour qui dure toute une vie, la fidélité au sein du couple est dans ce cas de figure une belle utopie.
Pourtant le mariage bienheureux est une réalité pour tout couple qui s’en donne les moyens. Aimer la même personne toute une vie est un jihad qui met en évidence les vertus de l’un et de l’autre. « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur envers son conjoint » nous dit le Prophète, paix et salut sur lui. Cette parole de sagesse résume tout et laisse entrevoir la portée qu’elle engendrerait sur la société dans laquelle aujourd’hui souffrent un nombre considérable d’enfants de ne pas pouvoir grandir avec leurs deux parents séparés.
Le mariage en Islam s’inscrit dans une démarche éducative où chacun est disposé à cheminer, à réformer ses mauvais penchants et à perfectionner ce qu’il y a de bon en lui. Il s’agit d’un travail intérieur où l’on apprend à se découvrir soi-même et à découvrir l’autre, baisser son regard sur ses défauts et apprécier ses qualités. L’un et l’autre s’aident mutuellement à s’épanouir et à s’accomplir. Cette relation, qui se construit et se développe dans la durée, est basée sur l’affection et la miséricorde. Ces deux composantes de l’amour font appel au cœur et à la raison.
Ce qui précède a essentiellement mis l’accent sur l’importance d’une relation stable et durable du couple, donc de « l’après mariage ». Qu’en est-il de ce qui précède le mariage ?
Amour, avant ou après le mariage ?
Nous l’avons vu, le mariage est un projet qui se construit et évolue dans le temps au travers d’étapes. L’avant mariage en est une phase préparatoire.
Lorsque deux êtres font le choix de s’unir, chacun vient avec son éducation, ses habitudes, ses qualités et ses défauts. Il ne s’agit donc pas de dire que lui est musulman, elle est musulmane, tout ira pour le mieux et le mariage sera un long fleuve paisible. Suivre la philosophie du mariage instauré par le Coran qui implique le respect et le soutien de l’autre, le souci continuel d’alimenter et raviver cet amour des premiers jours est un travail sur soi.
Si durant la jeunesse, on ne préserve pas sa chasteté en baissant une partie du regard (celle qui réveille le désir), en gardant une certaine distance qui permet le contrôle de ses sentiments, on alimente une certaine appétence pour des relations nouvelles, ce qui fragilisera le couple.
La fidélité est un Jihad en ce sens où il représente un travail sur soi contre ses penchants. C’est particulièrement vrai pour l’homme au sujet duquel certains scientifiques et sociologues affirment qu’il est infidèle par nature de par son intérêt « incurable » pour la diversité et la variété en amour.
Les sentiments éprouvés par l’un envers l’autre avant le mariage ne sont pas blâmables, bien au contraire, ce serait même prendre des risques que de se marier sans éprouver de sentiments pour l’autre ! Il est important que chacun plaise à l’autre, éprouve de l’affection.
Cependant avant le mariage, les sentiments d’amour et d’affection doivent être parés de la pudeur qu’enseigne l’Islam, c’est une façon de s’attendre dans l’impatience d’être unis.