Rencontre avec Salmane Al Farissi
Attention, âmes insensibles, s’abstenir ! Comme vous, je me suis imaginé dans beaucoup de situations : dans un hélicoptère, nageant avec les dauphins, dans la grotte de Hira ou encore dans la canopée indonésienne… Mais là, je me suis imaginé discuter avec un compagnon du Prophète, paix et salut sur lui ! Leur état d’esprit légendaire, leur amour, leur sagesse brilleront éternellement. Moteur, ça tourne
Hamza : Salamou’alaykoum Oncle Salmane, tu nous fais l’honneur de nous rencontrer et de partager tes conseils. Pourrais-tu, pour commencer, nous parler de ton origine, de ton enfance ?
Salmane : Wa ‘Alaykoum salam Hamza. J’ai grandi près d’Ispahan dans une famille de notables et de dignitaires religieux. Depuis mon plus jeune âge, j’étais porté sur la religion des Mages adorateurs du feu. Ainsi, j’attisais la flamme millénaire que nous vénérions. Gloire à Dieu, quand on pense que ce feu s’est éteint à la naissance du Messager de Dieu, paix et salut sur lui !
Hamza : Oui, l’un des signes annoncés par les Prophètes… Comment s’est déroulée ta conversion ?
Salmane : Un jour, je suis entré dans une église où l’on célébrait le culte chrétien et cette religion m’a plu. Lorsque j’en parlai à mon père, il se mit en colère et m’enchaina dans une chambre pour que je ne puisse sortir. C’est d’ailleurs ce qu’a vécu mon ami Mous’ab avec sa mère. J’attendais patiemment qu’une caravane, qui allait à Damas, passe pour m’enfuir et pratiquer enfin ma nouvelle religion. Dieu m’a permis de m’éduquer auprès de véritables dévots. De Mossoul à Byzance, en passant par Damas, de véritables serviteurs de Dieu m’ont pris à leurs côtés. Le dernier d’entre eux m’a informé alors de l’arrivée prochaine d’un Prophète à Médine. Il m’a précisé certains de ses signes. Après sa mort, je suis donc allé en Arabie. Malheureusement, des brigands m’ont fait prisonnier et m’ont vendu à un Juif de Médine. Plongé dans ma terrible vie d’esclave, je désespérai de trouver un jour ce Prophète. Jusqu’à ce moment. Un jour, du haut d’un palmier, j’entendis mon maître discuter avec son cousin à propos d’un homme qui se prétendait Prophète et qui avait le tort de ramener la concorde à Médine. Louange à Dieu ! L’espoir est plus que permis ! Je me suis décidé à le rencontrer. J’ai quand même tenu à vérifier quelques signes qu’il portait en lui. Je l’ai alors enlacé en pleurant. Dès lors, je ne le quittais plus.
Hamza : Oncle Salman, parle-nous de la vie à Médine s’il te plait ?
Salmane : (Les larmes inondent sa barbe à l’évocation de cette période) De loin la plus belle époque de ma longue vie ! Dès ma conversion, mes frères travaillèrent pendant plus d’une semaine pour me libérer de l’esclavage ! Ils cotisèrent pour moi, l’étranger, esclave, inconnu, une somme considérable (la récolte en datte de 350 palmiers et 1,5 kg d’or).
Aux coté du Saint Prophète, paix et salut sur lui, tous rivalisaient de vertu, malgré les moments durs, notre quotidien était suave et nos coeurs vibraient du rappel de Dieu. Nous n’avions que faire de ce monde, mais il fallait accomplir la mission. Lors des périodes de paix, chaque rencontre fut l’occasion de s’échanger de nos nouvelles, des cadeaux, des sagesses… Lors des périodes de guerre, tout était partagé. Notre vie était embellie par les révélations. Nous étions une grande famille qui s’élargissait chaque jour. J’avais les faveurs de tous, malgré ma pauvreté. Le Prophète, paix et salut sur lui, m’a même publiquement intégré dans sa famille ! J’étais souvent avec mes amis Bilal, Abu Darda, Abou Horeyra, Ibn Mass’oud,… que Dieu les accueille dans Sa miséricorde. Notre amour les uns envers les autres était immense. Lors des batailles, nous agissions comme un seul corps, avec comme souci principal de défendre le Prophète, paix et salut sur lui. Mais lorsque Dieu l’a rappelé, nous étions impuissants…
Hamza : Peux-tu nous évoquer ce triste jour ?
Salmane : Ce jour, j’ai cru que mon coeur allait exploser. Le Prophète, paix et salut sur lui, était malade depuis plusieurs jours, mais son état semblait s’améliorer. Personne n’osait envisager sa mort. Mais Dieu en décida autrement. Médine s’assombrit et on pouvait entendre les pleurs de chaque maison. Aucun de nous ne tenait sur ses jambes. Certains n’ont pas quitté leur position. C’est comme si la mort nous avait frôlés. Mon ami Abou Bakr a alors prononcé un discours qui a suffi à nous remettre d’aplomb, louange à Dieu.
Hamza : Comment as-tu vécu la période suivante ?
Salmane : Sous le califat d’Abou Bakr, nous eûmes à lutter pour protéger notre religion. Mais sous le commandement de Khalid, aucune armée ne nous résistait. Puis, sous la direction de Omar, j’ai eu à gouverner mon pays d’origine que j’avais quitté 25 ans auparavant. Les senteurs diverses, les palais, les paysages somptueux, tout cela appartenait désormais à l’Etat musulman comme nous les avaient promis Dieu et Son Messager. Ainsi, nous avons construit des villes nouvelles : Bassora, Koufa,… au départ de simples garnisons militaires, elles sont rapidement devenues des mégalopoles par la grâce de Dieu.
Hamza : Parle-nous de ta vie de famille s’il te plait…
Salmane : Dieu m’a accordé une épouse exceptionnelle, Sakina, qui me combla et restant la même dans les coups durs ou les bons moments. Elle me donna trois garçons et deux filles auxquels nous enseignâmes le Livre de Dieu. Ma femme m’a tant aimé qu’elle parfuma ma dépouille ! Aujourd’hui, par la grâce de Dieu, nous sommes réunis au Paradis.
Hamza : Oncle Salman, lorsque tu observes la communauté aujourd’hui, quels conseils pourrais-tu nous donnés ?
Salmane : La promesse de Dieu et de Son Messager s’est exécutée. Pas un pays où l’Islam n’est pas mentionné ! Le flambeau brille encore tandis que tous les autres systèmes disparaissent. Mais je m’attriste des querelles intestines et des talents gâchés. Vos ennemis vous envierez si vous estimez votre frère musulman à sa juste valeur. Quant aux attaques que vous supportez, (guerres, islamophobie, pauvreté,…), c’est une tradition divine que d’éprouver Ses Serviteurs. Protégez votre foi, protégez les femmes, fréquentez les mosquées et lisez le Coran, vous triompherez sans aucun doute ! Alors relevez le défi comme l’âge d’or que vos prédécesseurs ont illuminé. Rapprochez-vous de Dieu, de vos frères et engagez-vous !
Hamza : Je n’en demandai pas mieux comme conclusion. C’est un honneur d’être éclairé par des modèles de votre trempe. Nous ferons notre maximum pour mériter votre voisinage au Paradis, avec l’aide Dieu. Salamou’alaykoum.
Génial ! Superbe concept !
Magnifique! Merci beaucoup