La perte d’un enfant
Cette douleur qui envahit nos corps, nos cœurs jusqu’à toucher nos tripes est une épreuve très difficile à vivre.
La perte d’un être cher est douloureuse mais quand ce sont nos ascendants, nous pensons que c’est une suite logique. À l’inverse de cette séparation avec un enfant, descendant de notre chair, qui déchire…
Pourquoi lui ? Elle ? Nous ?
La perte d’un enfant, une épreuve vécue par notre Prophète et ses compagnons
Notre cher prophète paix et salut sur lui, a perdu plusieurs de ses enfants en bas âge mais a aussi enterré une de ses fille plus âgée pour laquelle il a pu manifester sa tristesse.
Anas ibn Malik, que Dieu l’agrée, a dit : « Nous assistâmes à l’enterrement d’une fille de l’Envoyé de Dieu et celui-ci était assis au bord de la tombe. Je vis ses yeux en larmes ».
Il est important lors de la perte d’un être cher de pouvoir exprimer ses émotions afin de faciliter la période de deuil. Il n’est pas question d’oublier cet enfant mais plutôt d’apprendre à vivre avec son absence. Cette perte devient alors une force, surtout lorsque notre religion nous apporte de bonnes nouvelles…
Abu Hassan, que Dieu l’agrée, rapporte : « Deux de mes enfants étant décédés, je dis à Abu Hurayra : “As-tu entendu du Messager de Dieu, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, un hadith à nous rapporter qui puisse nous consoler de la mort de nos proches ? “. “Oui, le voici : “Leurs enfants [morts] seront “les fretins” (enfants bienheureux) du Paradis. Quand l’un d’eux rencontrera son père, [ou a-t-il dit : ses père et mère], il le saisira par le bout de son habit ou le mènera par la main, tout comme je te tiens par le bout de ton habit, et ne le quitte point jusqu’à le faire entrer au Paradis”» (1)
Mu’âwiya ibn Qurra, que Dieu l’agrée, a rapporté d’après son père : « Lorsque le Prophète, paix et salut sur lui, s’asseyait, un groupe de compagnons s’asseyait avec lui. Parmi ceux-ci se trouvait un homme qui avait un jeune garçon qui montait sur son dos et s’asseyait devant lui jusqu’au jour où ce jeune garçon décéda et l’homme cessa d’assister à ce rassemblement. Le Prophète, paix et salut sur lui, remarqua son absence et dit : “Pourquoi ne vois-je plus untel ?” On lui répondit : “Ô Messager de Dieu, son enfant que tu voyais est décédé et c’est ce qui l’empêche d’assister à cette assemblée.” Le Prophète, paix et salut sur lui, alla à sa rencontre et lui demanda des nouvelles de son fils. L’homme l’informa qu’il était décédé. Le Prophète, paix et salut sur lui, lui présenta ses condoléances puis lui dit : “Ô untel, que préfères-tu : profiter de lui (ton fils) toute ta vie ou ne pas te présenter demain devant une porte du Paradis sans le trouver t’y ayant devancé et t’ouvrant celle-ci ?” – “Ô Prophète de Dieu, je préfèrerais certes qu’il me devance à l’une des portes du Paradis et m’ouvre cette dernière.”, dit l’homme. “Tu auras donc ce que tu souhaites.”, dit le Prophète, paix et salut sur lui. Un homme parmi les Ansârs se leva ensuite et dit : “Ô Messager de Dieu, je sacrifierai pour toi ma vie. Cela est-il spécifique à cet homme ou est-ce également valable pour tout musulman qui a perdu un jeune enfant ?”. “Cela est certes valable pour tout musulman qui perd un jeune enfant.” répondit le Prophète, paix et salut sur lui.» (2)
Cet enfant, chers parents, nous attend pour nous faire entrer au paradis ! Quelle nouvelle extraordinaire ! Dieu nous fait vivre cette intense douleur sur cette terre mais nous réserve des surprises de grande taille pour la vie dernière.
Abou Sinan raconte : « J’ai enterré mon fils Sinan en présence d’Abou Talha al-Khawlani qui était assis au bord de la tombe. Quand j’ai voulu quitter les lieux, il m’a dit : “Voulez-vous que je vous apporte une bonne nouvelle, ô Abou Sinan ! “. “Oui” “Adh-Dhahak ibn Abd Rahman ibn Azrab m’a rapporté d’après Abou Moussa al-Ach’ari que le Messager de Dieu, paix et salut sur lui, a dit : Quand l’enfant d’un fidèle serviteur meurt, Dieu dit à Ses anges : ” Vous avez saisi l’âme de l’enfant de Mon serviteur ? “. “Oui”. “Vous vous êtes donc emparés du fruit de son cœur ? “. “Oui “. “Qu’est-ce que Mon serviteur a dit ? “. “Il T’a loué et a prononcé l’istirdja (la confirmation de sa totale résignation, soit “A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons”). “Construisez-lui une maison au paradis et appelez-la Maison de Louanges.” » (3)
Nos enfants appartiennent à Dieu. Il nous les a donnés mais Il peut les reprendre à tout instant. Lorsque l’on est croyant, notre connaissance de la vie dernière, que nous ne sommes que de passage sur cette terre nous aide à affronter cette perte et nous avons foi à retrouver nos proches dans cette prochaine vie éternelle. Cette douleur est cependant là, et il nous faut la traverser. Les paroles de certains peuvent blesser et accentuer notre peine. Entourés d’une bonne compagnie, son soutien nous aide à traverser ces épreuves telles que la perte d’un enfant. La bonne compagnie a les mots justes puisque attachée à Dieu, ses conseils et réconforts ne seront que des pansements du cœur. En plus de la multiplication de nos invocations et de nos prières, qui nous rapprochent de notre Seigneur, elle nous fait vivre Sa proximité et alors nous ressentons Son Amour et Sa miséricorde qui descendent sur nous et nos cœurs s’apaisent…
De nombreux bénéfices !
D’autres bénéfices se surajoutent à ces premières bonnes annonces.
Dieu le Très Haut dit : « Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui disent, quand un malheur les atteint : “Certes nous sommes à Dieu, et c’est à Lui que nous retournerons. Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde ; et ceux-là sont les biens guidés. » (4)
Dieu offre à ces parents des bénédictions, les couvre de Sa miséricorde.
La femme peut perdre son enfant dès la grossesse, qui reçoit son âme environ à quatre mois in utero. Cet enfant peut être nommé, enterré et apparaît sur le livret de famille. L’enfant peut décéder également au moment de l’accouchement ou pour toute autre raison durant sa vie terrienne. Alors cette mère aura porté neuf mois cet enfant dans son ventre. Dieu lui accorde des bienfaits spécifiques.
« Il n’y a pas une seule femme parmi vous dont trois enfants meurent avant la puberté sans que cela soit pour elle un écran contre l’Enfer ». Une femme demanda : « Et pour deux (enfants) ? » Il répondit : « Et pour deux (enfants) aussi ». (5).
Les bienfaits des endurants dans l’épreuve sont innombrables. Dieu est généreux et Il ne cesse de nous surprendre par Sa Grandeur. Pendant que parents et proches de cet enfant apprennent à vivre avec l’absence de celui-ci sur cette terre, où sont ces chérubins ?
Ces enfants sont « à l’école du Prophète Ibrahim, paix et salut sur lui ! »
D’après Abou Houreira, que Dieu l’agrée, le Prophète, paix et salut sur lui, a dit : « Les enfants morts des musulmans sont dans le paradis, c’est Ibrahim qui s’occupe d’eux ». (6)
Nous ne pouvons sortir que grandis !
Finalement, que retenir d’une telle épreuve ! Il est normal de ressentir de la tristesse ou même de la colère. Ces sentiments font partie du processus de deuil que nous devons traverser. Dieu est généreux en nous octroyant une famille, une épouse ou époux, des enfants, des biens,… Il peut nous éprouver en nous les prenant… Alors c’est le moment de montrer à Notre Seigneur Bien Aimé, notre Amour pour Lui et toute la confiance que nous Lui vouons. Puisqu’après une difficulté, il y a certes une facilité. Après cette dure épreuve de la perte d’un enfant, soyons sûrs et certains que Dieu nous réserve de grands bienfaits d’une part dans cette vie d’ici-bas tout comme dans la vie dernière. Sa générosité dépasse notre entendement et nous ne mesurons pas à quel point Dieu nous aime lorsqu’Il nous fait vivre une telle épreuve.
(1) Hadith rapporté par Muslim
(2) Hadith rapporté par al-Nasa’î, al-Tirmidhi, ibn Mâdja
(3) Hadith rapporté par Tirmidhi
(4) Coran : La vache, versets 155, 156 et 157
(5) Hadith rapporté par Muslim
(6) Hadith rapporté par Muslim