La politesse : Élément déterminant dans l’épanouissement du lien
« Tu as oublié le mot magique ! », dit un parent à son enfant, faisant allusion à « s’il te plaît ». « Qu’est-ce qu’on dit ? Merci ! », Dit l’autre. En effet, « Il n’y a pas de cadeau meilleur qu’un parent puisse offrir à son fils, que celui de lui apprendre les bonnes manières »[1]. Rappelle le bien-aimé Mohamed, paix de Dieu sur lui.
Des mots simples certes, mais magiques. Cette magie, c’est que l’Autre ne perde pas la face dans l’interaction, qu’il se sente respecté dans son être et qu’il préserve le sentiment de sa valeur personnelle. Ainsi, le lien se maintient et s’épanouit. Au contraire, sans « merci » ni « s’il te plaît », celui-ci se détériorerait, voire se romprait. « Un mot et tout est gagné. Un mot et tout est perdu », dit le dicton.
Ainsi, la politesse joue un rôle déterminant dans l’épanouissement du lien entre les individus. Le lien qui revêt une importance considérable dans la vie aussi bien pour l’individu que pour le collectif. Les deux ne sont-ils pas, d’ailleurs, le simple fruit d’un lien, dont les manifestations sont multiples et variées tels que le mariage, le voisinage, l’amitié etc ? Et la qualité de ce fruit dépend essentiellement de celle du lien dont il est le produit. « Le bon pays, sa végétation pousse avec la grâce de son Seigneur ; quant au mauvais pays, (sa végétation) ne sort qu’insuffisamment et difficilement. Ainsi déployons-Nous les enseignements pour des gens reconnaissants. »[2]. Dit Le Très-Haut.
Cela explique le grand intérêt que l’Islam a porté aux formes de politesse qui favorisent le maintien et l’épanouissement du lien, telles que la salutation, le sourire, la belle parole, le beau ressenti ainsi que la bonne opinion au sujet d’autrui. Ceci rend compte également de la ferme interdiction de tout ce qui compromettrait la vie d’un lien d’attachement, et par conséquent, causer sa rupture. Faisant obstacle à l’individualisme et à l’égocentrisme, les enseignements coraniques et prophétiques balisent ainsi la voie des fidèles pour développer un sentiment social fort, dont la traduction quotidienne se fait par les bonnes manières, reconnaissant l’Autre comme un être digne de respect, voire d’amour.
Ainsi, au premier instant de la rencontre, l’Islam nous recommande et nous encourage à montrer un visage radieux et souriant, à porter un regard tendre et à user de paroles bénies et agréables pour nous saluer. Et répondre à un salut de la meilleure des façons. Voilà quelques balises éclairant le chemin du fidèle à ce sujet :
– « Celui qui regarde son frère avec un regard d’affection, Dieu lui pardonne ses péchés avant même qu’il ne cligne des yeux »[3]
– « Vous ne pouvez pas donner de l’argent à tout le monde. Mais montrez-leur un visage radieux et faites preuve de bonne moralité. »[4]
– « … Voulez-vous que je vous indique une chose capable de vous faire aimer les uns les autres ? Saluez-vous entre vous. »[5], Conseilla Mohammed, paix sur lui.
– « Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure […]. Certes, Dieu tient compte de tout. »[6].
Aussi, pour pénétrer dans un espace privé, au-delà de la salutation joliment choisie, une autre forme de politesse et de respect s’impose également. Il s’agit précisément de demander la permission pour entrer. Kilda Ibn Hanbal rapporte ceci : « Je me rendis une fois auprès du Prophète, paix sur lui, et m’introduisis chez lui sans saluer. Le Prophète me dit « Retourne et dis : « Paix et salut à vous ! Puis-je entrer ? » . Ma demande « Puis-je entrer » n’exige point d’autrui une réponse favorable. Celui-ci peut librement la rejeter. La politesse, à ce moment-là, exige que je respecte sa volonté, voire que j’accepte son refus avec empathie et que j’entende sans juger les désirs qui l’empêchent de répondre favorablement à ma demande. Dieu ne dit-il pas « Et si on vous dit « Retournez », eh bien, retournez. Cela est plus pur pour vous. Et Dieu, de ce que vous faites est Omniscient. »[7] ?
Les adorateurs de Dieu ne limitent aucunement le caractère privé à un espace physique. Ils observent et respectent également toute forme d’intimité d’autrui, obéissant ainsi au bien-aimé qui a dit : « Fait partie du bel Islam de quelqu’un le fait, pour lui, d’éviter de se mêler de ce qui ne le regarde pas. »[8].
En vérité, nombreuses sont les formes de politesse que l’Islam recommande. Un tel écrit ne peut prétendre être exhaustif à ce sujet. Il sert, néanmoins, à rappeler l’attention que l’Islam a portée sur cette vertu. Voici d’autres paroles coraniques et prophétiques qui jalonnent ce chemin menant à la politesse dans ses plus belles manifestations. Le Très-Haut dit :
-[…, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c’est bien la voix des ânes][9]
-[O vous qui avez cru ! quand on vous dit : Faites place (aux autres) dans les assemblées, alors faites place. Dieu vous ménagera une place (au paradis) »[10]
-« …, et la bonne parole est une aumône
« O vous qui croyez ! N’entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu’invitation vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu’on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familier pour causer. »[12]
En guise de conclusion, il est important de rappeler que la politesse, dans l’Islam, ne se limite pas seulement à un visage souriant ou à une belle parole. Elle est essentiellement le fruit d’un cœur purifié et maîtrisé. Elle comprend ainsi un sain et pur ressenti, une belle pensée, une bonne parole et un bon comportement. Sinon, elle ne serait qu’une cage vide, belle peut-être mais vide.
Sans omettre le mot magique ! Chers lecteurs, Chères lectrices, un Grand Merci pour avoir consacré de votre temps pour la lecture de mon écrit. « Ne remercie point Dieu celui qui ne remercie pas les gens. »[13]. Prière et Paix de Dieu sur Mohammed !
[1] Rapporté par Al-Hâkim dans son livre « Al-Mustadraq »
[2] Sourate 7 : Verset 58
[3] Rapporté par Attabarani
[4] Rapporté par At-Tirmidhi
[5] Rapporté par Muslim n°54.
[6] Sourate 4 : Verset 86
[7] Sourate 24 : Verset 28
[8] Rapporté par At-Tirmidhî et Ibn Mâja
[9] Sourate Luqman 31 verset 19
[10] Sourate 58 : Verset 11
[11] Rapporté par Bukhari et Muslim
[12] Sourate 33 : Verset 53
[13] Rapporté par Al-Bayhaqi
Paix et salut à toi cher frère. C’est plutôt à nous de te remercier de ton partage, de ta contribution o combien nécessaire face aux différentes derives auxquelles on peut assister parfois et qui voudraient mettre en compétition la reconnaissance due à l’autre avec celle due au Créateur. Merci infiniment. Que Dieu te l’agrée et t’en récompense au delà de toutes tes espérances.