Jeûne et Spiritualité

Le monde moderne est en crise. C’est là une évidence que personne ne peut nier. Trop de faits convergent en même temps ; les catastrophes naturelles, les guerres, la famine, les épidémies de maladies nouvelles, les scandales nutritionnels de toutes sortes, la corruption, les injustices et les violences…

Certains n’hésitent pas à parler de décadence, de calamités et l’idée de comparer notre époque avec celle du déclin d’autres civilisations vient immédiatement à l’esprit. Ainsi, décrivant l’histoire de la fin de la Rome antique vieille de 2000 ans, Yan Brékilien, dans « Le Message des Celtes », établit une analogie hallucinante avec les habitudes de notre monde moderne et dit :

« … relâchement des mœurs, affaiblissement du sentiment religieux, rejet des principes moraux jusque-là admis, recherche effrénée du plaisir. La corruption règne dans les classes dirigeantes. Dans toutes les classes de la société, fornication, adultère et homosexualité deviennent pratique courante et ne soulèvent plus de réprobation. Les divorces se multiplient de même que, le plus souvent, les avortements et les infanticides. La natalité s’effondre. La littérature, les spectacles sont envahis par la pornographie. Tout cela va de pair avec un amollissement général, conséquence obligée de l’excès de confort matériel. »

A la différence d’autres époques que les civilisations ont traversées avant de disparaitre, poussées par une culturelle allogène « qui s’infiltrait peu à peu dans leur propre tissu social jusqu’à l’éviction de leurs cadres autochtones », continue Yan Brékilien, l’époque actuelle est caractérisée par une accumulation de faits de même nature que ceux qui viennent d’être cités et ceci dans tous les pays et pour toutes les cultures en même temps.

L’ampleur du phénomène interpelle l’homme conscient et justifie le terme de crise : le monde moderne est parvenu à un point critique, et René Guénon, dans son livre « La crise du Monde Moderne » explique qu’une « transformation plus ou moins profonde est imminente et qu’un changement d’orientation devra inévitablement se produire à brève échéance, de gré ou de force, d’une façon plus ou moins brusque, avec ou sans catastrophe »

En un mot, l’ancien, tel que l’homme l’a connu, tel qu’il le connaît et tel qu’il le vit, n’est pas conforme aux lois. Le chemin suivi jusqu’à présent n’est pas juste, puisqu’il conduit à une impasse. Il faut donc en changer et en prendre un autre pour que l’homme redevienne lui-même, que la vie soit de nouveau une grâce qui comble chacun et irradie sur l’ensemble de la société.

Réalité du jeûne

La paix de l’âme et de l’esprit est en nous quand nous progressons spirituellement. On ne peut l’obtenir par la seule accumulation de richesses, si grandes qu’elles puissent être. Les temps changent cependant, et nombreux sont les signes qui montrent que cette civilisation est en train de passer d’un âge de pur matérialisme au désir d’approcher les réalités et vérités de l’univers.

L’intérêt général et grandissant qui se manifeste aujourd’hui pour la connaissance des vérités supra-physiques, le nombre croissant de ceux qui cherchent à savoir ce qu’est l’existence avant et après la mort, la création de méthodes spirituelles de guérison par la foi, la recherche des enseignements anciens et de la sagesse de l’Orient – autant de signes que les hommes de ce temps ont entrevu la réalité des choses. 

La médecine d’avenir aura deux buts, celui d’aider le patient à se connaître lui-même, de lui montrer les erreurs fondamentales qu’il peut commettre, les déficiences de son caractère auxquelles il doit remédier, les défauts qu’il lui faut éliminer et remplacer par les qualités correspondantes.

Cette nouvelle médecine si elle se veut efficace, devra étudier sérieusement les lois qui gouvernent l’humanité et la nature humaine elle-même, afin de pouvoir reconnaître dans tous ceux qui viendront à elle ces éléments qui sont la cause du conflit entre l’âme et la personnalité. Elle devra être capable de donner à l’homme les moyens d’établir l’harmonie en lui. Chaque cas nécessitera une soigneuse étude, car chaque homme étant différent.

Seuls ceux qui auront consacré une grande partie de leur vie à la connaissance de l’homme dans sa globalité pourront entreprendre pour l’humanité cette œuvre magnifique et divine d’ouvrir les yeux d’un malade et de l’éclairer sur son être, de lui insuffler l’espérance, le courage et la foi qui permettront de vaincre sa maladie.

La disparition de la maladie suppose que l’humanité prenne conscience de la vérité des lois de l’Univers et s’adapte humblement à ces lois, ce qui, avec la paix de l’âme, lui, apportera joie et bonheur.

Le rôle de ce nouveau genre de médecine sera d’amener le malade à la connaissance de cette vérité et de lui montrer par quels moyens il pourra acquérir l’harmonie, de lui inspirer la foi en Dieu qui peut triompher de tout et lui donner le moyens qui lui permettront de retrouver harmonie du corps et de l’esprit.

Face à ce changement qui arrive à grands pas, les gens attendent. Quel monde va naitre ? Un esprit nouveau ? Sera-t-il l’esprit réveillé et révélé aux regards des hommes et des femmes ?

Il y a une certaine sainteté à vivre simplement et une sainteté certaine si l’on y ajoute une ascèse sur tous les plans de l’être. C’est pourquoi une étude sur le jeûne doit être développée dans toute sa dimension.

Le jeûne y apparaît, non comme une privation, mais comme une accession. Le jeûne, accompli et réussi, est un épanouissement en acte, c’est l’ouverture vers une appréhension élargie de l’authenticité de l’être.

L’homme avide de biens matériels ; ce monde pitoyable, scientiste et technologique, est rassasié de savoir, mais dans tous les regards on voit les grands espaces dévastés par la famine des Ames. Le savoir a écrasé la connaissance ; la soif de l’insignifiance a fait taire la voix de l’essentiel.

C’est après un jeûne bien conduit et bien fait, lorsque toutes les nourritures mentales habituelles ont été écartées durant ces jours, de renouvellement, que remonte à la surface de la conscience des souvenirs oubliés.

Pour certains, le jeûne semble être un temps mort dans l’existence. Une sorte de vide. Le jeûne, en réalité, est un silence introduit au cœur du bruit quotidien. C’est à ce moment que l’être se révèle et que les choses inaudibles se perçoivent.

« Le sage veille avec respect sur ce qu’il ne voit ni n’entend ».

Le jeûne est une voie d’approche vers ce que l’on ne sait ni voir ni entendre. Le jeûne est une source qui coule paisiblement, depuis les sommets de l’âme jusque dans la main qui se tend vers l’autre, jusque dans la parole paisible et dans la pensée réjouie.

Que manger ?  (Une Préoccupation pendant le jeûne.) :

Voici un petit dialogue très intéressant :

– Je mange très peu de viande, que me proposez-vous ?
– Nous vous proposons du très bon bœuf
– Je viens de dire que je ne mangeais peu ou plus de viande.
– Nous avons du poulet grillé.
– Je …
– Excusez-moi. Nous avons du poisson frais, des fruits de mer.

Les dialogues de sourds sont aussi monnaie courante en diététique et l’on peut dire que l’on n’entend rien parce qu’on n’écoute pas, noyés que nous sommes dans le vacarme apparemment inaudible.

Rectifier les mauvaises habitudes alimentaires ne suffit pas, car toute alimentation qui fait preuve de sectarisme et qui laisse sceptique est mauvaise en quelques manières et n’oublions pas que le corps fabrique ses propres poisons ; une pensée envieuse est plus néfaste que l’absorption de sucres ou de charognes.

On entend souvent : « je peux manger tout, n’importe quoi, je digère tout… »

Eh bien non ! Si cela était aussi simple !

Lorsque Hippocrate déclarait il y a 2500 ans : « Que ton aliment soit ta seule médecine »

Où nous trouvons-nous dans cette réplique ? Nous sommes la transformation non pas de ce que nous absorbons mais de ce que nous assimilons et de ce que nous sommes incapables d’éliminer.

Il convient avant toutes choses de nous permettre de garder nos immunités naturelles, ou de nous les restituer si nous les avons perdues. Une alimentation juste, légère, vivante, saine peut y suffire.

Hippocrate définissait ainsi la diététique :

« Le propre de la diététique est de se fonder sur une conception générale de la santé et de fixer les règles du régime par rapport à cette conception, avant de les adapter aux exigences particulières de chaque état pathologique déterminé. En somme, la diététique traduit en termes généraux, l’idée foncièrement juste et sage qu’on peut se faire des conditions dans lesquelles la nature humaine peut atteindre un état de santé, de parfait équilibre où se réalise l’harmonie et s’exprime la beauté ».

A suivre…

 

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