Les plus beaux Noms de Dieu
Il me semble évident, afin de parler de Dieu[1], de commencer par citer La Parole divine, afin de laisser parler notre Créateur Lui-même, exalté et glorifié soit-Il.
Laissons-nous donc pénétrer par Ses Paroles.
« Dis : Il est Dieu, Il est Un (Ahad). Dieu, le Suprême Refuge (as-Samad). Il n’a jamais engendré, ni n’a été engendré et nul ne Lui est égal. » (Coran : sourate 112)
« Il est Dieu, nulle divinité autre que Lui ; le Connaisseur de l’invisible et du visible. Il est le Tout Miséricordieux (ar-Rahmân), le Très Miséricordieux (ar-Rahîm).
Il est Dieu, nulle divinité autre que Lui ; le Souverain (al Malik), le Saint (al Quddûs), l’Apaisant (as-Salâm), le Rassurant (al Mu’min), le Prédominant(al Muhaymin), le Tout-Puissant (al ͑Aziz), l’Irrésistible (al Jabbâr), le Superbe (al Mutakabbir). Gloire à Dieu ! Il transcende tout ce qu’ils Lui associent.
Il est Dieu, le Créateur (al Khâliq), Celui qui donne naissance (al Bâri’) et forme (al Mussawwir) à toute chose. À Lui les plus beaux Noms. Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre célèbre Sa gloire. Il est le Tout-Puissant (al ͑Aziz), le Sage (al Hakîm) ». (Coran : sourate 59, versets 22-24)
Je tiens à dire en tout premier lieu que quels que soient mes efforts et mes intentions, cet article restera incomplet et aura un goût d’inachevé, de non abouti, car son objet n’est autre que Dieu Lui-même, exalté et glorifié soit-Il. Nul ne pourra jamais saisir, ni exprimer Dieu, l’Éternel, le Transcendant, l’Infini à travers notre perception, nos langues et nos sens mortels, finis et limités.
« Les regards ne peuvent L’atteindre tandis que Lui pénètre tous les regards. Il est le Subtil (al Latîf), le parfaitement Connaisseur(al Khabîr). » (Coran : sourate 6, verset 103)
La plus illustre des sciences
La Science des Noms divins est la plus illustre et la plus noble des sciences, si l’on considère cette science au regard de son objet. S’engager dans la connaissance et la compréhension profonde des Noms divins et dans la quête de cette Science, c’est s’engager sur le chemin de notre quête ultime : Dieu.
Ibn al-Qayyim al-Jawzi nous dit : « La connaissance de l’Adoré, à travers Ses noms, Ses attributs et Ses actes constitue la clef de l’appel des prophètes et la quintessence de leur message ; car du début à la fin, la finalité de ce message reste la connaissance de Dieu ». (As-swâiq al-mursalat alâ al djahamiya wal muattila)
Il dit encore : « la connaissance des Beaux Noms de Dieu est l’origine de toute science. Les connaissances autres que celle des Beaux Noms de Dieu sont soit une créature du Très-Haut ou Son ordre, soit une connaissance de Ses créatures ou de Ses lois. » (Badâi al-fawaid ; Asma Allah al Husnâ)
La Science des Noms Divins tend vers l’origine et la finalité, le commencement et la fin, Celui de qui nous venons et auprès duquel nous aspirons à retourner. Celui qui seul, est, l’Éternel, l’Immuable. Alors que nous ne sommes que des flocons de neige en plein soleil, voués à fondre et à retourner à la Terre de laquelle, jadis, Il nous a formés.[2]
99 Noms divins
Le qualificatif « Asmâ’ Allâh al-husna », que l’on traduit littéralement par les plus beaux Noms de Dieu provient du saint Coran.
« Dieu, point de divinité autre que Lui ! Il possède les Noms les plus sublimes. » (Coran : sourate 20, verset 8)
« Dis : invoquez Dieu, ou invoquez le Tout Miséricordieux. Quel que soit le Nom par lequel vous L’appelez, Il a les plus beaux Noms. » (Coran : sourate 17, verset 110)
Les Noms de Dieu révélés sont nombreux. Le nombre de 99 est avancé dans le récit prophétique qui dit : « Dieu a quatre-vingt-dix-neuf Noms, cent moins un. Celui qui les assimile entrera au Paradis. »[3]
Le Prophète, paix et bénédictions sur lui, en a recensé 99 afin de nous en faciliter l’apprentissage, car il est bien plus facile de mémoriser quelque chose qui est limité. C’est un nombre qui, entre autres, est à vertu pédagogique, mais il n’est pas exhaustif, comme en atteste cette invocation prophétique :
« Je Te demande par tout nom qui T’appartient, par lequel Tu T’es nommé ou que Tu as révélé dans Ton Livre ou que Tu as enseigné à l’une de Tes créatures ou bien que Tu as gardé dans la science de l’Invisible auprès de Toi… »[4]
L’on comprend à travers ces paroles, que Dieu seul embrasse la connaissance de la totalité de Ses Noms.
Un peu d’histoire
A l’époque pré-islamique, il était de coutume chez les Arabes d’attribuer plusieurs noms à tout ce qui avait de l’importance. Ainsi, le lion porte les noms de Assad, Layth, Dirgham, Sabo’, Qaswarah. De même, le désert porte les noms de Sahra, Mafâzah ; Baydâ’, Falat entre autres. La multiplicité des noms était souvent signe de gravité, de glorification ou d’honneur.
Le Coran, Livre révélé au sein de ce peuple, poursuit cette tradition en attribuant plusieurs noms à certains éléments, à l’instar de l’enfer appelé aussi Houtama, Saqar, Feu ardent, Fournaise, Abîme ou encore du paradis, également nommé Eden, Firdaws, Dar As-Salem.
Ainsi le nombre des Noms que Dieu S’est attribués est mieux à même d’être appréhendé lorsqu’on le replace dans ce contexte et cette tradition sociolinguistique.
Le Nom suprême de Dieu « Al-Ism Al-A’zam »
La tradition prophétique laisse entendre que Dieu possède un Nom suprême qui permet à l’invocation d’être exaucée. Il existe plusieurs récits et les opinions divergent quant à ce nom.
Anas ibn Malik (que Dieu l’agrée) relate ainsi : « J’étais assis aux côtés du Messager de Dieu, que la paix et le salut soient sur lui, dans la mosquée, lorsqu’un homme effectuant sa prière, prononça l’invocation suivante : « Ô mon Dieu, je T’implore car c’est à Toi que revient toute louange. Il n’y a de dieu que Toi, Tu es Le Plus Miséricordieux, Celui dont la Grâce est la Plus Grande, le Créateur ».[5]
Et d’après Burayda, le Messager de Dieu, paix et bénédictions sur lui, a entendu un homme dire : « Ô Dieu ! Je T’implore, car j’atteste que c’est Toi Dieu, nul autre dieu que Toi. L’Unique, l’Éternel qui veille sans cesse sur Ta création, qui n’a pas engendré ni n’a été engendré. Nul n’est semblable à Toi. » Puis a dit : « Cet homme a invoqué Dieu par Son Nom le plus Majestueux. Lorsqu’Il est ainsi imploré, Il répond à l’appel du serviteur et l’exauce ».[6]
Dieu a dissimulé Son Nom Suprême parmi Ses plus beaux Noms, tout comme Il a caché la Nuit du Destin dans les dix dernières nuits du mois de Ramadan, Sa satisfaction dans les œuvres d’obéissance et Son courroux dans la désobéissance, Ses saints rapprochés parmi Ses créatures…
Cette dissimulation est intentionnelle et incite Ses serviteurs à s’adonner avec ferveur et constance à toute pratique d’adoration. Dieu a dissimulé ce Nom de manière à ce que Ses serviteurs s’appliquent à L’invoquer par tous Ses Noms, avec l’espoir qu’ils mentionnent celui-ci et qu’ils soient exaucés.
Apprendre à connaître Dieu à travers Ses Noms
Ibn Al Qayyim disait : « Toute âme a besoin de connaître son Seigneur afin de L’aimer, de L’invoquer, de L’évoquer et de L’adorer. »
Dieu, dans le saint Coran, nous annonce la cause et la raison de notre création : « Et Je n’ai créé les génies et les humains que pour qu’ils M’adorent. » (Coran : sourate 51, verset 56)
De nombreux exégètes, dont Mujahid et Ibn Abbas, nous disent que le sens de ce verset est : pour qu’ils apprennent à Me connaître.
Pour rappel, le Prophète, paix et bénédiction sur lui, a dit : « Dieu a 99 Noms, cent moins un. Celui qui les assimile (ahça) entrera au Paradis. »
Selon l’imam Annawawi, dans son explication de l’authentique de l’imam Muslim, les savants donnent plusieurs explications au vocable arabe “ahça”, littéralement, “énumérer”. Ce terme impliquerait graduellement :
1. La mémorisation, l’apprentissage par cœur.
2. La compréhension de leur signification afin d’en intégrer et assimiler le sens.
3. Leur utilisation dans nos invocations, “ahça” aurait ici le sens d’invoquer.
4. Leur mise en pratique, le fait d’en tirer des enseignements et de s’en imprégner au quotidien, afin que ce que chaque nom nous enseigne se reflète à travers nos actes et notre comportement.
Cet exposé est une incitation à l’apprentissage et à la connaissance des Noms sublimes de Dieu. Étudier ces Noms et comprendre leur sens est le moyen de mieux connaître notre Créateur pour mieux L’adorer, mais aussi pour mieux L’approcher à travers leur évocation. Si le début réside dans l’apprentissage et la mémorisation, l’aboutissement est que chaque Nom soit la clé d’une expérience spirituelle intime que le fidèle vit pour approfondir sa connaissance de Dieu, pas à pas, s’approcher de Lui et se fondre dans Son amour.
« Puisque Dieu est la source de tout amour, pour Le connaître, il nous faut nous noyer dans l’essence de l’amour. Pour le connaître, nous devons nous vider entièrement de nous-mêmes (…). Comment peut-on être deux avec l’Unique ? »[7]
[1] J’emploie, à dessein, le terme Dieu, bien que le nom Allah soit porteur de sens et d’une symbolique dont le terme français est dépourvu. Mais, aux yeux des lecteurs francophones, il me semble important de mettre en lumière le fait que Dieu, réalité transcendante, omniprésente et unique, et Allah ne sont qu’Un.
[2] Parabole issue de “Les secrets de l’amour divin”, A. Helwa
[3] Rapporté par Al Bukhari et Muslim, d’après Abû Hurayra
[4] Rapporté par Ahmad, Abû Ya’lâ, Ibn Hibbân, Al Hâkim d’après Ibn Mas’ûd, authentifié par Al Albânî
[5] Rapporté par Tirmidhi, Abou Daoud, An-Nasaï et Ibn Mâja, d’après Anas
[6] Rapporté par Tirmidhi, Abou Daoud d’après Burayda
[7] Les secrets de l’amour divin, A. Helwa