Apprendre à faire le deuil, pour cheminer
Pour faire le deuil de quelque situation qui nous tenait à cœur, de quelque état que l’on a perdu, de quelque être auquel on était particulièrement attaché ; à un moment, il est nécessaire d’apprendre à accepter.
Accepter ce que l’on vit, accepter de ressentir le manque de ce que l’on a perdu, accepter que cela ne sera peut-être jamais plus pour nous, du moins dans cette vie.
Accepter notre destin tel que Dieu l’a écrit pour nous, accepter qu’au-delà des causes apparentes et des différents protagonistes, c’est Lui, Le Causateur des causes, Celui qui détient et gère les causes, c’est Lui qui a voulu qu’il en soit ainsi.
Accepter que cela puisse être douloureux et y renoncer, que cela puisse être difficile à vivre et accepter toute notre faiblesse humaine.
Accepter, car c’est Lui, Le Sage, qui en a décidé ainsi. C’est Lui, qui connaît notre passé, notre présent et notre avenir, qui en a décidé ainsi. C’est Lui, dont la bonté est infinie, qui en a décidé ainsi. C’est Lui, Le Seul, L’Unique qui sait ce qui est réellement bon ou mauvais pour nous, qui en a décidé ainsi.
« Il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose qui constitue pourtant un bien pour vous ; et il se peut que vous en chérissiez une autre, alors qu’elle constitue un mal pour vous. Dieu le sait ; mais vous, vous ne le savez pas. » (1)
Lui, Le Seigneur des Cieux et de la Terre, Lui qui gère l’Univers, Lui notre Créateur, notre Protecteur, notre Garant, Le Gérant de nos affaires ; c’est Lui qui en a décidé ainsi.
Lui, qui peut nous détacher, parfois brusquement, de ce à quoi, à qui l’on tient tellement. Lui, qui sait de quelle façon nous diriger vers ce qui sera meilleur pour nous. Lui, qui nous fait grandir et cheminer lors de ces épreuves que l’on peut vivre intérieurement comme d’importantes secousses.
Dans ces moments, le cœur peut souffrir, être profondément blessé et l’on peut regretter longuement cette perte difficile. Puis vient le temps nécessaire de panser nos blessures, de les laisser cicatriser, d’accepter ce qui a été perdu et d’être reconnaissant envers Dieu pour tout ce qu’il nous donne, tout ce qu’Il reprend, tout ce dont Il nous préserve… malgré notre tristesse. Et, Lui Seul connaît les secrets qui se cachent derrière ces privations.
« Il se peut qu’en te donnant, Il t’ait privé. Il se peut qu’en te privant, Il t’ait donné… Si en te privant, Il t’ouvre la compréhension, alors la privation devient don. » (2)
Apprendre à accepter, avec paix et sérénité, les décisions divines en nous rappelant qu’Il veut notre bien, que ce sont aussi ces épreuves qui nous font grandir et cheminer vers Son Amour… Apprendre à accepter… À accepter Ses choix plutôt que nos propres choix. C’est peut-être la voie qui nous aidera à L’aimer, Lui, plus que tout ce à quoi l’on tient tant dans cette vie. Cette vie terrestre, nous y sommes d’abord attachés et qui d’Autre, sinon Lui, pour nous en détacher ? Qui d’Autre, sinon Lui, pour nous amener à ce qui est meilleur pour nous ?
Apprendre aussi à Lui faire totalement confiance, au-delà de nos incompréhensions, pour pouvoir accepter et faire le deuil de ce qui nous semble inestimable, de ce à quoi nous n’étions pas prêts à renoncer, si ce n’est par Son intervention.
Malgré son goût particulièrement amer, le deuil a ses vertus dans la vie du croyant ; il nous amène à nous réinterroger sur le sens véritable de la vie, de la mort, de notre foi … sur leur sens profond, au-delà des mots. Le deuil nous révèle parfois aussi nos propres contradictions ; notre raison, capable d’accepter cette privation mais cette autre partie de nous qui reste encore tellement attachée, qui n’envisage pas encore ce détachement.
Avec du temps, avec douceur, cette partie de nous doit apprendre à accepter, car tout ce que l’on est amené à vivre provient de notre Créateur, en définitive.
« Aucun malheur ne s’abat sur la Terre ou sur vos propres personnes qui ne figure déjà dans un Livre, avant même que Nous le fassions survenir. Et c’est une chose si aisée pour le Seigneur. Il en est ainsi afin que vous ne vous ne tourmentiez pas au sujet de ce qui vous a échappé (…) » (3)
Et notre bien aimé Prophète, paix et bénédiction sur lui, a dit : « Celui à qui Dieu veut du bien, Il l’éprouve. » (4)
Avec douceur, cette partie de nous doit être rassurée, même si elle pourrait toujours ressentir une certaine tristesse, en se remémorant cette perte. Elle doit comprendre qu’elle est tout de même capable de vivre ainsi, en acceptant cette séparation. Elle doit aussi réaliser qu’elle reste une âme faible, qui peut se plaindre de sa propre faiblesse, de sa peine, auprès de son Seigneur. Elle peut aussi chercher refuge et appui en Lui, consolation auprès de Lui. A l’exemple du Prophète Jacob, paix sur lui, lorsqu’il fut grandement affecté par la perte de son fils bien aimé Joseph, paix sur lui. « Il dit : “Je ne me plains qu’à Dieu de mon déchirement et de mon chagrin.” (…) » (4)
Accepter de faire le deuil, c’est revenir toujours à Lui et se défaire progressivement de nos forts attachements, lorsqu’une épreuve nous y amène. Apprendre à ne plus autant s’attacher à cette vie, à ne plus s’attacher excessivement à autre que Lui, pour accepter, plus facilement, le moment venu, de quitter l’objet ou la personne aimée.
(1) Coran S 2, v 216
(2) Les sagesses, Ibn Ata Allah As-Sakandarî
(3) Coran S 57, v 22-23
(4) Coran S 12, v 86
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