La connaissance et l’art, un bien commun
Pendant des siècles, le temps nous a pressés pour faire évoluer la société d’une phase à une autre, d’une étape à une autre. Au cours de l’histoire, la société est passée d’une société agricole à une société industrielle, puis technologique. Le « progrès » est dans la bouche de tous les politiques, les chercheurs, les entrepreneurs et même les sociologues et les philosophes. Le progrès qui est une notion signifiant l’ascension, ne précise pas à partir d’où, vers quoi et pourquoi. Le progrès nous rend-il plus heureux ? plus épanouis ? nous rapproche-t-il les uns des autres ? nous permet-il de mieux gérer notre planète et ses ressources ? à quels types de besoins répond ce progrès ? répond-il aux besoins spirituels de l’Homme ? garantit-il le succès professionnel et l’épanouissement personnel recherchés et désirés par le commun des mortels ?
Ces évolutions et ces changements au cours de l’histoire se sont accompagnés d’une véritable explosion des connaissances qui les accentue et les accélère. Beaucoup de penseurs et d’économistes nous parlent aujourd’hui de l’économie de la connaissance, qui se définit comme une nouvelle discipline économique qui a pour objet la connaissance en tant que bien économique. Cette notion est intéressante au regard de son rapport au progrès, car le progrès que provoque la connaissance est directement lié à l’intérieur de l’Homme. L’apprentissage ou le gain des connaissances donnent une clé interne à l’être humain, et donnent aussi au potentiel intérieur de l’être humain, à sa conception de pensée et à son cœur les moyens nécessaires d’émancipation et d’élévation. De plus, ce nouveau bien économique est enrichi et même multiplié quand il est partagé et n’est jamais épuisable ou saturable, contrairement aux ressources matérielles : c’est même le double sens du verbe « partager », qui a le sens de division ou celui d’augmentation, tout comme le verbe « apprendre » peut signifier recueillir la connaissance ou la transmettre.
Contrairement aux ressources matérielles, le bien de la connaissance est en augmentation continue et tend vers l’infini, ce qui ouvre de nouveaux horizons de développement et de progrès humain. Aujourd’hui, nous vivons une évolution d’un autre type, nous évoluons d’une époque cognitive – la machine nous remplacera dans ce domaine – vers une époque créative et artistique dont l’esprit est la perfection et l’art. Cette tendance doit initier de nouvelles perspectives, sans forcément apporter du nouveau du point de vue matériel, mais doit introduire plus de créativité par rapport aux époques précédentes. Cette tendance accompagne aujourd’hui une nouvelle quête de richesse immatérielle, qui est la recherche de sens. L’art et la créativité conditionneront sans doute les conséquences de cette quête et favoriseront l’épanouissement de nos visions. L’art et la créativité appellent l’Homme à découvrir en lui les ressources de son épanouissement par un imaginaire capable de lui donner du sens, ce besoin est revendiqué par le nombre croissant de défenseurs de ces valeurs spirituelles et humaines.
Ce changement et cet épanouissement ne peuvent advenir qu’à travers, aussi, une éducation artistique et culturelle universelle, avec une première dimension profitant à chaque individu et une deuxième dimension englobant toute la société. Une éducation qui libère l’utilisation de la créativité, permet d’acquérir des dispositions artistiques et transforme notre rapport au progrès et à la connaissance. La liberté et l’épanouissement de l’Homme, ne se limitent pas à la satisfaction de ses besoins économiques et sociaux les plus élémentaires, mais doivent aspirer aussi à son épanouissement intellectuel, artistique et spirituel. Avec des individus épanouis et libérés, la société sera conditionnée et éveillée pour redonner du sens à tout type de progrès, à proposer à chaque individu un espace et une vision claire pour son rôle et son développement au sein de sa société, dans le but de proposer à son prochain de la plus belle des manières, ce que la grande industrie ne peut faire à moindre coût et que la technologie ne peut faire plus rapidement.