La station d’Abraham, un héritage spirituel

Abraham, un homme d’exception

Le prophète Abraham est appelé lʼAmi de Dieu. Il est omniprésent dans les rites du pèlerinage. Un peu comme si les croyants étaient invités à méditer sur sa vie extraordinaire. Il est fréquemment cité dans le Coran pour son authenticité et sa droiture constante. Dans bien des situations, périlleuses parfois, difficiles souvent, il a toujours su garder une confiance absolue en Dieu, lʼUnique.

Cʼest Abraham qui nous a donné le nom de musulmans. Ce terme signifie « ceux qui croient en Dieu, lʼUnique, et sʼy soumettent ». Il se place ainsi dans la lignée du 1er prophète, Adam, dont la croyance était également orientée vers lʼunicité de Dieu. Il a consacré toute sa vie à enseigner le monothéisme. Il est considéré comme étant le père des prophètes dans le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, car la plupart des prophètes « connus » (dont Muhammed) étaient ses descendants.

Un peu d’histoire …

Un jour, Abraham emmena son épouse Hajar et leur bébé Ismaël dans une vallée désertique. Il dut soudainement s’absenter au loin, sur ordre de Dieu. Il en parla à Hajar, qui l’a rassuré et encouragé à partir. Elle savait intimement, au fond d’elle, que leur Seigneur n’allait pas les abandonner. Après le départ de son mari, les provisions en nourriture et en eau furent très vite épuisées. Par instinct de survie, Hajar posa alors Ismaël dans un endroit qu’elle jugea sécurisant et se mit à courir de toutes ses forces pour trouver de l’aide. Elle se dirigea d’abord vers une colline (Safa), puis courut vers une autre colline (Marwa). Apeurée, elle fit ce même trajet 7 fois à la suite, en pleine canicule. Au bout de sa course effrénée et ne trouvant aucune solution, elle finit par revenir auprès de son bébé assoiffé.

Puis soudainement, le miracle de Dieu apparut… Avec l’intervention de l’ange Gabriel, de l’eau se mit à jaillir miraculeusement tout près de cet enfant.

Quelques temps après, cette source d’eau (appelée Zamzam) se mit à attirer un tas d’oiseaux, qui à leur tour, attirèrent l’attention des Jurhum, une tribu de Bédouins qui passait par là. Un lien très fort s’est alors créé entre ces nomades et Hajar. Ils prirent grand soin d’elle et de son fils Ismaël, tout en s’installant autour de ce point d’eau. Ainsi naissait peu à peu la ville de la Mecque. Un jour, Ismaël, qui était devenu un beau jeune homme, se maria avec une des femmes des Jurhum.

Son père Abraham venait de temps en temps lui rendre visite, et c’est au cours d’un de ses séjours, qu’il reçut l’ordre de Dieu de reconstruire la Kaaba à cet endroit, tout près de Zamzam. Ismaël l’aida, soutenu par les membres de son clan, qui adhérèrent tous au message divin révélé à Abraham.

La pierre d’appui

Pour reconstruire la Kaaba, le prophète Abraham et son fils ont utilisé un gros bloc de pierre. Ce rocher fut déplacé au fur et à mesure des travaux pour sʼy appuyer. Alors quʼils tentaient dʼatteindre la partie haute de la Kaaba, un évènement très spécial apparut soudainement. Les pieds dʼAbraham se sont mis brusquement à sʼenfoncer dans la pierre. On dit que cet enfoncement a été causé par la puissance du message divin, appelant les gens au monothéisme. Principe tellement fort, descendu sur Abraham, que même la roche sous ses pieds sʼaffaissa. Cette empreinte miraculeuse du passé existe encore de nos jours et pour lʼéternité.

Ce rocher sʼappelle Maqam Ibrahim (ou la station dʼAbraham). À lʼorigine, la pierre était toute près de la Kaaba, désormais elle est à quelques mètres, protégée à lʼintérieur dʼun coffre en verre, recouvert dʼor à certains endroits.

Muhammed a prié derrière Maqam Ibrahim lors de son propre Hajj. Les pèlerins depuis, continuent à faire une prière au même endroit (après le tawaf), en signe de respect pour cet homme exceptionnel. Comme si symboliquement, toute la communauté des croyants se plaçait derrière un imam de grande valeur, incarné par le personnage dʼAbraham.

La station d’Abraham (maqarm Ibrahim)

Abraham a laissé une telle empreinte à lʼHumanité que même la pierre, dure et solide, peut en témoigner. En méditant sur ses traces, au sens propre comme au figuré, le pèlerin lui aussi se questionne sur sa place dans le monde : « Et moi, pourquoi suis-je sur la terre ? Quelle est ma contribution, ma mission de vie ? Quelle empreinte, quel héritage, quelles traces pourrai-je bien laisser derrière moi ?

Maqam veut dire littéralement « station debout ». Marquer un temps dʼarrêt à cet endroit béni, où toutes les invocations sont exaucées, cʼest donc aussi se mettre debout symboliquement derrière Abraham, le grand meneur dʼHommes. Être debout, cʼest être éveillé, réveillé, vigilant à la présence de Dieu, par opposition à la somnolence et à lʼoubli. Cʼest aussi se lever contre l’injustice et œuvrer pour la dignité de chacun. Être debout, cʼest refuser la passivité et préférer lʼeffort, lʼaction et le travail. Cʼest enfin porter la responsabilité de la foi, en prenant pour exemple Abraham.

Extrait du livre « Le pèlerinage » de Amel Ayan

Un commentaire

  1. Un magnifique article !
    Une belle et originale présentation du pèlerinage. J’ai lu tous les articles extraits du livre “le pèlerinage de Amel Ayan”. Merci pour ce beau partage

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