Se maîtriser face à l’environnement
Dieu, qu’Il soit loué et adoré, nous dit dans Son saint Coran : « C’est Lui qui a fait de la terre un berceau, pour vous, et vous y a tracé des chemins. Et c’est Lui qui fait descendre l’eau du ciel. Avec celle-ci, Nous faisons germer, par couples, des plantes de toutes sortes (et Nous vous disons) : « Mangez et faites paitre votre bétail. » Voilà bien là des signes pour les doués d’intelligence » (1)
Dieu dit également « Celui à qui appartient la royauté des cieux et de la terre, qui ne S’est point attribué d’enfant, qui n’a point d’associé en Sa royauté et qui a créé toute chose en lui donnant ses justes proportions » (2).Dans un hadith, le Prophète Mohammad (paix et salut sur lui) a dit :« Dans cette vie belle et douce, Dieu a fait de vous Ses lieutenants ». (3)
Ces versets et ce hadith nous informent de trois choses :
1. Dieu a mis les cieux, la Terre et tout ce qu’ils contiennent au service de l’Homme.
2. Il les a créés dans des proportions prédéterminées et calculées.
3. L’Homme, en tant que lieutenant de Dieu sur Terre en a la responsabilité.
Ces constats mènent à une conclusion : l’Homme a pour responsabilité de préserver son environnement dans le respect des mesures que Dieu a données à chaque chose.
A l’occasion du Ramadan, le mois de la maîtrise, proposer une réflexion sur ce sujet est plus que jamais d’actualité.
Tout d’abord, en bon représentant de la génération Y, la génération du « why ? », je tenterai d’expliquer pourquoi la préservation de l’environnement est importante. Ensuite, je tenterai de répondre au « comment » en abordant les gestes simples du quotidien. Il existe des moyens d’avoir un impact plus global, à l’échelle d’une société, par exemple en investissant dans la recherche. Par souci de concision, cet aspect ne sera pas traité dans cet article.
Pourquoi la préserver l’environnement ?
Notre santé physique, morale et spirituelle
Cette dimension sanitaire vaut aussi bien pour nous que pour les générations futures. L’importance de la préservation de l’environnement pour notre santé physique constitue une évidence : pour vivre, nous avons besoin de nous nourrir de ce que la nature nous offre. Or, une nature altérée ne nous permettrait pas de subvenir à nos besoins vitaux.
L’impact sur la santé morale est également très compréhensible : tout d’abord la santé physique influence la santé morale. Mais ce n’est pas tout : la nature est importante pour la santé morale par plusieurs aspects. Sa beauté apparente, bien-sûr, joue un rôle essentiel : qui ne s’est jamais émerveillé d’un lever ou d’un coucher de soleil, ne s’est jamais senti apaisé en entendant le bruit de l’eau, le cri des oiseaux ou encore le vent qui souffle ? Il en va de même pour les bonnes odeurs qu’elle peut nous offrir. Tous les jours de nouvelles études prouvent combien les sons et les odeurs de la nature peuvent être apaisants.
La préservation de l’environnement est également bonne pour notre santé spirituelle : Dieu ne dit-Il pas dans le coran qu’Il a mis des signes dans les cieux et sur la Terre pour ceux qui réfléchissent ? La nature nous rappelle en effet notre Créateur à plusieurs égards. Sa beauté nous rappelle celle de notre Créateur. Tout ce qu’elle nous apporte physiquement et moralement est une expression directe de la miséricorde divine et de l’amour qu’Il nous transmet. Ainsi, Thomas d’Ansembourg nous propose dans son ouvrage Cessez d’être gentil, soyez vrai ! de voir la nature comme une source intarissable d’amour, l’amour que peut-être les humains ne nous donnent pas assez. De plus, il existe plusieurs témoignages de personnes qui se sont converties à l’islam par le biais de la nature, par exemple en observant les étoiles, chose qu’il est de plus en plus difficile de faire à cause la pollution lumineuse !
La connaissance
Cela pourra paraître surprenant à certains, mais préserver la nature est également essentiel pour le progrès de la connaissance humaine. En effet, la nature regorge de modèles très perfectionnés : des modes d’organisation sociale comme ceux des fourmis et des abeilles, mais aussi des prouesses techniques insoupçonnées : saviez-vous par exemple que la meilleure colle connue de l’homme à tous points de vue est produite naturellement par les moules qui peuplent nos plages ? Cette idée que la nature puisse être une source intarissable d’inspiration, de connaissance et de progrès technologique s’appelle le bio-mimétisme. Ce domaine est très vaste et il est impossible de le développer dans cet article, mais à ceux qui souhaitent en savoir plus, je ne pourrai que conseiller la conférence très inspirante d’Idriss Aberkane à ce sujet qui peut être visionnée à cette adresse : https://www.dailymotion.com/video/x2joni8. Pour reprendre ses tristes mots : « la nature est une bibliothèque et nous sommes en train de la brûler ».
Comment ? Quelques habitudes simples
D’après le célèbre astrophysicien Hubert Reeves, “L’écologie, ce n’est pas un grand problème, mais des millions de petits problèmes”. L’écologie commence donc par de petites habitudes quotidiennes que nous pouvons tous mettre en place dès demain. Le mois de Ramadan est idéal pour cela. Dans cette partie, je donnerai trois conseils qui sont à la portée de tous : trier ses déchets, lutter contre le gaspillage et consommer local.
Trier ses déchets
Nous sommes encore trop nombreux à négliger les consignes de tri des déchets et à jeter le plus vite possible ce qui nous encombre sans prendre le temps de réfléchir aux conséquences de notre précipitation. Sortons les poubelles, comme le dit cet article, mais sortons-les bien ! Chaque ville en France a ses propres consignes de tri qui peuvent être consultées en ligne sur le site https://www.consignesdetri.fr/. Les consignes sont donc variables, mais en général elles restent concentrées autour de quatre grands types de déchets : les verres (conteneur vert), les emballages alimentaires recyclables (conteneur jaune), les déchets non recyclables (conteneur noir) et les encombrants divers à jeter en déchetterie (végétaux, meubles, polystyrène, gravats, plâtre, etc). Maîtrisons notre égo pressé et avare de son temps pour prendre le temps de trier, de ne rien laisser traîner sur la voie publique et d’aller à la déchetterie la plus proche. Et avant de jeter, réfléchissons pour savoir si on ne peut pas récupérer, donner ou même vendre à bas prix certains « déchets ».
Lutter contre le gaspillage
Avec nos supermarchés modernes et nos réseaux d’eau, de gaz et d’électricité, nous avons l’impression d’avoir à faire à des ressources illimitées, mais ce n’est pas le cas. C’est très facilement compréhensible pour les ressources dites fossiles, qui ne sont pas renouvelées. C’est par exemple le cas du gaz qui est extrait de réserves qui ne sont réalimentées par aucun processus naturel, ou encore de l’uranium qui permet de produire l’électricité par réaction nucléaire. C’est en réalité aussi le cas pour les énergies dites renouvelables, même si l’échéance est bien plus lointaine : le soleil permet ainsi de produire de l’électricité mais il a lui-même une durée de vie limitée estimée à environ 10 milliards d’années en tout (dont 5,5 milliards d’années restantes).
Cependant la ressource la plus critique est sans doute l’eau. Nous avons tous appris le cycle de l’eau à l’école, qui explique comment l’eau est renouvelée. Non seulement la pollution altère sa potabilité (exemple des pluies acides) mais en plus le simple fait de l’utiliser la rend impropre à la consommation. Or le traitement des eaux usées ne permet pas de recycler 100% de l’eau, et il permet encore moins de la rendre de nouveau potable. Nous habitons la planète bleue constituée à 72% d’eau, mais seuls 0,7% sont potables et ce chiffre diminue inévitablement. Alors, autant en freiner le plus possible la diminution…
Consommer local
Je parle volontairement de consommation locale et non de consommation « bio ». En effet, le « bio » n’est malheureusement pas aussi « bio » qu’on pourrait le croire. Si les normes européennes et internationales qui le définissent ont permis quelques améliorations, elles sont encore trop permissives et les produits bio ne sont malheureusement que très peu contrôlés. Cependant, la France est un pays exemplaire en termes de contrôles de ce qu’elle produit sur son territoire, ce qui explique pourquoi il vaut mieux chercher à consommer local. De plus, manger localement où que l’on soit permet de réduire les pollutions liées au transport et a bien d’autres avantages économiques. Ainsi, la France comporte plus de 2000 AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) qui vous permettent de consommer des fruits et légumes de saison provenant d’une exploitation respectueuse de l’environnement pas loin de chez-vous. S’inscrire dans une AMAP représente une action concrète facilitée aujourd’hui par de nombreuses communes. Idéal comme bonne résolution de Ramadan !
Conclusion
Dans cet article, j’ai tenté d’expliquer en quoi se maîtriser face à l’environnement était important, que l’on soit musulman ou pas. Je suis notamment revenu sur les bénéfices que l’Homme tire de l’environnement, aussi bien pour sa santé physique et morale que spirituelle, sans oublier les connaissances qu’il peut nous transmettre. J’ai ensuite donné quelques pistes pour pouvoir agir au quotidien pour la préservation de cet environnement : trier ses déchets, lutter contre le gaspillage et consommer local.
Comme le rapporte Frédéric Laloux dans son ouvrage Reinventing Organizations, de nombreux penseurs s’accordent pour dire que nous entrons progressivement dans une nouvelle ère, aussi importante que le furent l’ère agricole, l’ère industrielle et l’ère post-moderne dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Cette nouvelle ère se caractérise par un retour vers le spirituel, mais aussi par un retour vers la nature en tant que grande source d’inspiration et de connaissances. La préservation de l’environnement va de pair avec la revivification de la spiritualité et ce n’est pas un hasard…
(1) Coran : Sourate 20, versets 53 et 54
(2) Coran : Sourate 25, verset 2
(3) Hadith rapporté par Muslim