Faire preuve de sagesse collective pour ne pas sombrer dans le chaos
Le sentiment d’être et de vivre en sécurité n’a pas de prix !
« Celui qui le matin est en sécurité auprès de sa famille, est en bonne santé, possède sa nourriture de la journée, c’est comme s’il possédait la vie d’ici-bas et ce qu’elle contient ». (1)
Le vivre ensemble ne peut être fondé sur les extrêmes de tous bords, sur la haine, sur le rejet de l’autre, sur la violence aveugle, sur le désir de destruction et d’anéantissement de la vie, de la paix, de la sécurité.
Nous vivons des heures terribles qui nous rappellent une triste réalité : « l’homme représente le pire ennemi de l’homme ». Condamner avec force l’innommable, avoir une pensée sincère pour les victimes et partager la peine des familles endeuillées est la moindre des choses.
Certains souhaitent importer le chaos ici et ailleurs, en attisant ou en suscitant des tensions qui sommeillent ou qui sont déjà perceptibles au sein de notre société. La pire abomination consiste à vouloir justifier l’indicible, la barbarie, au nom de la foi, de la religion, alors que celles-ci doivent en principe être source de paix pour soi et pour autrui.
Pour faire face à cet épisode, comme par le passé, les citoyennes et citoyens de notre pays, résolus à combattre l’ignorance, le bafouement de la vie et de la sacralité de la dignité humaine, n’ont d’autre choix que de faire front, un front de solidarité, de compassion et de résolution, de resserrer les rangs, de puiser au plus profond d’eux-mêmes ce qu’il y a de meilleur, d’inné, pour « semer » la tolérance, la non-violence, et l’inculquer aux jeunes générations.
Pour faire face à cette volonté d’imposer à notre Nation cette fatalité, ce fatalisme, qui cherchent à prendre en otage nos aspirations individuelles et collectives, et avec elles l’avenir de nos enfants, nous devons répondre par un élan de Sagesse, de Courage et de Fraternité vraie.
Un terreau fertile
Toutes les conditions étaient rassemblées pour que la situation dégénère. Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il est important de faire le diagnostic d’une situation qui est le cumul de plusieurs facteurs.
Un contexte géopolitique mondial explosif, un déni de l’histoire de notre pays, un pan de la jeunesse tout entier désœuvré, ghettoïsé, exclu de la vie sociale et économique, un rapport de la République à l’Islam et aux musulmans stigmatisant dans une atmosphère délétère, un système d’« intégration » à plusieurs vitesses, un modèle éducatif en panne, un rejet de la différence, une part de parents démissionnaires, une volonté d’assimiler une part de la population à un modèle « civilisationnel » présenté comme « abouti », une interprétation et une mise en œuvre de la laïcité à la française qui exclut au lieu de rassembler, des fractures identitaires, des prêches séditieux, l’enlisement dans une crise économique persistante, une représentativité et une expression politique et médiatique de l’Islam et des musulmans qui attise les tensions, loin d’être à l’image de ces derniers, qui fustige et diabolise.
Cette situation ne peut qu’encourager le passage à l’acte de jeunes déjà au bord du gouffre psychologiquement et qui estiment ne rien avoir à perdre. La motivation de ces jeunes n’est pas de l’ordre du religieux comme l’a attesté à la radio le juge Marc Trévidic. L’aspect religieux ne représenterait qu’une part infime de leur motivation. C’est le fait d’avoir échoué dans la construction d’un modèle social et économique qui intègre l’ensemble des composantes de notre Nation, d’avoir institutionnalisé le « deux poids, deux mesures », en faisant d’une part de la population, des citoyens de seconde zone, qui explique pourquoi certains sont perçus et se considèrent eux-mêmes comme des parias de la République.
Rien ne justifie la violence et le fait de basculer. Mais il est temps que les politiques de notre pays, les intellectuels, les médias et les acteurs de la société civile assument leurs responsabilités en acceptant de prendre conscience de la réalité des choses au risque de voir la situation empirer. La réponse exclusivement répressive, policière, sécuritaire et purement “technique” que l’on cherche à imposer face à cette situation ne représente pas la voie de la raison. Pour sortir notre pays de cette impasse et envisager sereinement l’avenir, il faut apporter à cette situation de crise, à un problème complexe, une solution concertée, globale et réfléchie qui permet à chaque individu et à la société de se projeter sur le long terme.
(1) Hadith rapporté par Tirmidhi
Paix à toi cher frère Jamel.
Il faut que l’humain redevienne humain et ce de part et d’autres.
La déshumanisation fantasmee et prêtée à l’autre est partagée réciproquement par tous les protagonistes de cette affaire.
De même, convoquer et évoquer inlassablement, un passif historique aux oreilles de générations qui n’étaient même pas nées lors de la survenance d’événements reprochés n’a plus de sens aujourd’hui.
Tant que certains rumineront amèrement et rancunierement un passé qu’ils nont même pas vécu eux-mêmes directement, aussi légitimes que puissent en être leurs ressentiments, ils ne pourront pas se projeter vers l’avant avec enthousiasme et optimiste.
La rancune est une tare, elle noircit le coeur et l’alourdit.
Elle est une charge qui empêche d’avancer.
Elle est pénible.
Il faut s’en délester.
Certains deuils psychologiques, individuels et/ ou collectifs, sont à envisager, ce qui ne dispense pas pour autant d’éprouver de la compassion envers toutes personnes ayant pu être victimes par le passé.
Il faut se tourner vers l’avenir et avancer sans cesse.
Il faut tendre la main aussi.
Il faut pardonner.
Il savoir tourner certaines pages.
Il ne faut pas hésiter à reléguer certains événements vécus tragiques au rang de mauvais souvenirs.
Il faut aussi laisser à l’autre la possibilité de se repentir de ses méfaits passés.
Ça peut lui demander du temps.
Il faut être patient avec.
Tous ces aspects précédemment cités sont fondamentaux si on envisage sérieusement de bâtir une réconciliation durable, profonde, féconde et profitable pour tous.
L’autre n’est pas si différent que soi.
Il peut s’apprehender.
Il faut juste faire preuve d’un peu d’audace et oser s’aventurer à le découvrir.
Il faut se détendre, garder la tête froide et essayer de prendre du recul (dans le feu de l’action, c’est pas toujours facile).
Il faut laisser du temps au temps aussi, ca s’apprend.
Il faut purifier et enrichir son intention, c’est fondamental si on espère réussir à son entreprise.
Il faut se confier et faire confiance à Dieu, Lui Seul peut nous Aider.
Il faut être et laisser le paraître de côté.
Il faut se libérer.
De toute façon, nous n’avons pas le choix.
Bon gré, mal gré, c’est ça ou la faillite réciproque collective.
Autant y mettre un peu de coeur, c’est toujours plus agréable que de devoir oeuvrer par dépit motivé par la contrainte et/ ou par la nécessité.
Dieu Sait Mieux.
Courage frère.
Un frère qui t’aime en Dieu.