Un livre « juste pour toi » et moi…
« Au creux de mon cœur est né le vent. » Tel était le sujet du livre autour duquel s’est déroulé le second thé-débat. Avec son auteur Abdelhakim Chergui, la discussion se profilait spirituellement, comme un langage de cœur à cœur. Un témoignage s’enrichissait de tant d’autres pour donner un échange fraternel et une réflexion sur l’engagement humain universel dans lequel s’inscrit ou devrait s’inscrire tout musulman.
Construit sur la réponse aux questionnements d’un petit frère, le livre s’articule sur un semblant de dialogue entre l’auteur et lui-même quand il était enfant. Dans un travail d’introspection, l’auteur a témoigné de sa propre expérience spirituelle et humaine. Au fur et à mesure de la discussion, il s’est avéré que l’auteur a écrit ce livre en réponse à une vraie question qui lui a été réellement posée. Ce livre est né d’une perplexité face à une réalité d’un musulman de banlieue et un Islam imagé n’existant que dans les livres. Une image superficielle, imaginaire qui ne trouvait pas d’application sur le terrain quotidien. Ce livre émane aussi d’une volonté d’élaborer un outil stimulant pour les autres musulmans et les inciter à écrire. Un livre est aussi, pour l’auteur, une façon de mener une continuité de soi sur terre à travers sa descendance, ses frères et sœurs.
Par amour du verbe, l’auteur écrit. Illuminer les yeux par la beauté du style et ainsi guider le cœur vers la Beauté suprême, Dieu. Les mots pour Chergui abritent « les signes de la Création » et sont « les vecteurs de la pensée » tel que Adam fut accoutré par la connaissance des mots, le savoir prend tout son intérêt en Islam. Un musulman par définition, est un lettré en puissance et un intellectuel amoureux de toutes les sciences. Tel est le précieux trésor que contient la tradition musulmane : une pensée loin d’être simpliste pour affronter le monde moderne complexe, mieux encore pour changer le monde moderne et le rendre plus humain, plus abordable par tous. Par les mots, vient la connaissance du monde, de Dieu et par conséquent de la Foi. Les mots reflètent l’état de l’esprit et du cœur et en fonction de sa condition, le degré du registre langagier se définit.
Pour favoriser l’accès aux mots, aux écrits et soigner son état spirituel, un outil : le silence. Quelle belle sagesse le silence ! « Sherlock Holmes avait passé deux heures dans le train avec le Docteur Watson, sans échanger un seul mot. Sherlock Holmes lui dit à la fin du voyage : Quel bon compagnon vous êtes ! » Plus qu’un état, le silence est une école de l’humilité et de la connaissance. Pour accéder à cette école, vaut mieux jeter la télévision qui exploite 95% du cerveau humain et installer à sa place une bibliothèque et s’y perdre comme dans une forêt. Une forêt de mots, de lettres, de styles et de pensées. Une belle et délicieuse excursion !
L’engagement du musulman se fait avec la sincérité et la volonté d’avancer et d’agir. Le message a été donné à tous et l’appel fut collectif, la voie en est donc toute tracée mais à chacun de ne pas oublier. A travers la prière, les responsabilités, le souvenir de la mort et le savoir, le musulman avance dans le sentier de Dieu pour Dieu, appelle à Son Amour pour avoir Son Amour et instaure la dignité, la justice et la liberté.
Après les explications de l’auteur, place était faite aux réactions des participants et aux impressions laissées par la lecture du livre. Qui dit débat dit discussions et confrontation des points de vue, mais l’ambiance était tellement apaisée que tout le monde buvait les paroles de l’auteur et comme dans une « rêverie collective », chacun se fondait dans son siège, se réchauffant loin de la nuit glaciale. Les cœurs étaient en communion et les yeux s’émerveillaient de tant de chaleur authentique.
L’Amour en Dieu et les conseils en lui se sont multipliés et dans une ambiance fraternelle, l’assise se clôtura pour donner le temps aux échanges dans la convivialité. Autour du buffet bien garni, les cadeaux s’échangèrent et les cœurs se saluèrent une dernière fois.