Sur le chemin de l’école…
Un paysage à couper le souffle. Le soleil brille tous les jours. Elle sort et observe ce champ, juste en face. Elle sent que ses yeux font désormais partie de ce paysage qu’elle contemple. Où sont les immeubles qui l’entouraient. Ici, la terre ne connaît pas de limites. L’air n’a pas d’obstacles lui coupant sa trajectoire. Il est libre. Tout comme elle l’était. Du haut de ses sept ans, elle appréciait déjà faire la comparaison des deux pays où elle vit. Ici, ses racines prenaient sens. Ses rêves aussi.
Tous ses camarades l’appréciaient, même le directeur de l’école et les quelques instituteurs. Elle débarqua dans cette école au milieu de l’année quittant un CP du système français. Elle atterrissait dans une école de l’arrière pays maghrébin. Une école qui surplombait tout le village. Pour y arriver, elle devait parcourir quatre kilomètres. Le chemin qui la séparait de l’école, était plein de dangers et d’imprévus. Mais ici, le savoir est sacré. Celui qui savait lire et écrire, grand ou petit, était considéré comme un véritable chanceux.
Désormais, elle devait parcourir une longue distance avec ses camarades de classe. La route connue pour ses dangers, réservait son lot quotidien de surprises. Petite occidentale dans son esprit, et inspirée par les dessins animés d’aventure dans la nature, elle se voyait l’héroïne d’un jour traversant cette campagne et se promenant au milieu des champs telle une Candy maghrébine à la chevelure brune. Mais la route n’était pas une partie de plaisir. Non seulement la nature était rude mais les animaux étaient particulièrement hostiles. Les chiens étaient considérés comme un danger réel tant ils étaient féroces. Ses camarades promulguant les premiers conseils, face à son enthousiasme, lui conseillèrent de se munir d’une bonne quantité de pierres pour pouvoir les jeter sur les chiens qui les attaqueraient. Sur la route, il fallait toujours avoir des pierres sur soi. C’était la règle à suivre pour être en sécurité. Il fallait non seulement porter un cartable pesant mais aussi savoir manier des armes improbables. Le savoir se méritait. D’ailleurs c’est grâce à cette expérience qu’elle mesurait sa chance. La chance d’avoir des parents soucieux de son avenir. Qui voulaient qu’elle ait des ressources pour être autonome dans la vie. Outre les dangers présents sur la route, elle traversait des paysages magnifiques. Des champs verts de pousses d’épis encore jeunes. On lui apprit que les graines de blé dans ces épis, encore immatures, pouvaient être consommées. C’était une bonne expérience gustative.
Arrivée à l’école après une bonne heure et demie de marche et de rires, elle fut accueillie par le directeur en personne, heureux de recevoir une petite fille qui lui rappelait bien son père à son âge. Il la présenta à sa classe et à son instituteur. Puis, la laissa choisir sa place. Elle se mit à la dernière table, tout au fond de la classe. Elle ne connaissait pas encore les codes. Tout le monde la dévisageait. C’était le cours de français. Ceci l’apaisa un peu. Au moment de la récréation, le directeur avait pour habitude de distribuer des sandwiches à la sardine, un vrai luxe pour les élèves qui n’avaient pas les moyens de manger chez eux. Mais, ce jour-là, derrière les enfants rassemblés autour de la bassine de sandwiches, elle était surprise de cette importance donnée au goûter. Le directeur l’appela avant de servir, pour qu’elle puisse choisir avant tout le monde le sandwich qu’elle voulait et cela l’embarrassa profondément. Elle n’aimait pas être traitée de façon privilégiée. Devant l’insistance du directeur, elle finit par prendre un sandwich au hasard et le savoura avec ses petits camarades, qui la regardaient ébahis. Qu’elle était belle la vue sur tout le village d’ici. Un goûter pris au milieu des camarades en regardant un des plus beaux paysages qui existent sur terre. Elle mesura sa chance et son bonheur.
Ce documentaire « Sur le chemin de l’école » si bien filmé et si pertinent a réveillé en elle tous les souvenirs de cette période. Ces enfants traversent la jungle et les cours d’eau pour un seul but : apprendre. Les enfants du monde « moderne » ont beaucoup à apprendre de ces derniers. Des enfants pleins de volonté et de courage, veulent apprendre tout simplement. Bravant toutes les difficultés et surmontant ce qui peut nous paraître infranchissable, ils ont le sourire et emploient une entraide à toute épreuve. Un documentaire riche en émotion et en apprentissage. Tu sors de cette salle de cinéma en regardant les choses différemment. Nous avons tout mais nous ne voyons pas l’essentiel. Nous voyons des jeunes adolescents courir après la première invention technologique et en profiter parfois pour tricher pendant les examens. Certains ne savent plus à quoi sert d’ouvrir un livre ou même de consacrer du temps à lire ou à apprendre sa leçon. Tout est à bout de doigt, sans fournir d’effort. Certaines choses perdent leur valeur. Respecter le professeur, pour certains, devient archaïque et complètement dépassé. Dans une époque où même les parents n’ont plus de valeur, que nous reste-t-il ?
C’est justement, en assistant aux épreuves des autres qui les rendent tellement heureux que nous comprenons le sens de notre vie. C’est ainsi qu’en pensant aux autres, nous atteignons le bonheur. Quand nous donnons, nous recevons bien plus. Apprenons à nos enfants que celui qui a le plus n’est pas forcément le plus heureux. Celui qui sait observer ce qui est autour de lui et faire en profiter les autres sera satisfait.
Mon voyage de l’apprentissage s’est terminé. Chaque fois que je peux retourner sur les bancs du savoir, je n’hésite pas. J’ai revu mon ancienne école. Les enfants y sont toujours aussi motivés et souriants. La route est toujours aussi dangereuse. Mais les murs témoignent de ces beaux jours que j’ai passés ici, et surtout des belles leçons que les autres m’ont données. Leçons gravées à jamais dans mon cœur et dans mon esprit.
tres beau recit,et une realite
Assalamou alaykum,
Après avoir eu beaucoup de retours positifs sur ce film j’ai décidé de m’y rendre en famille. Un beau film dans l’ensemble toutefois teinté à mon goût. Ceux qui l’ont visionné comprendront de quoi je parle. Les marocains y sont dépeint comme des gens qui ne compatissent pas avec les jeunes filles (3 refus lorsqu’elles demandent de l’aide) contrairement en Inde où les enfants sont aidés avec bienveillance. L’échange que la jeune fille a avec sa grand mère sur l’école coranique en son temps et l’école aujourd’hui m’a fait l’effet d’une douche froide dès le début du film. Les enfants que ce soit en patagonie, inde ou au kenya sont solidaires entre eux et bienveillant alors que les filles marocaines dénigrent la 3ème qui n’arrivent pas à avancer derrière son dos par exemple.
Le parti a été pris d’accentuer le côté religieux au maroc (coran prière qui n”empêche pas les gens d’avoir un comportement qui laisse à désirer) alors qu’il est totalement occulté en Inde (alors que les indous sont de fervents pratiquants). Au final le spectateur en ressort avec une image du maroc et des marocains ou des musulmans comme des gens assez antipathiques, contrairement aux autres nationalités qui paraissent humanistes pleines de compassion. Je trouve que le paradigme utilisé pour traîter l’environnement marocain n’est pas le même que pour les autres. Il y a beaucoup de sous-entendus et de critiques à demi-mots que l’on ne retrouve pas sur les autres chemins de l’école….