Tunisie, Egypte : Trois leçons pour un succès
Ce qui se passe aujourd’hui est une expérience exceptionnelle, les peuples tunisiens et égyptiens ont ouvert la voie à une transformation historique. Cependant il ne faut pas être naïf ou vite crier victoire. Plusieurs forces aujourd’hui ont tout intérêt à miner la voie vers une vraie justice et vider la révolution de son sens libérateur et de sa force historique et politique.
Je propose ici de méditer trois aspects qui de mon point de vue ont constitué les éléments clés de la fondation de ce mouvement et de son succès historique et qui méritent de ce fait toute notre attention :
La non violence
La non violence comme principe directeur est paradoxalement ce qui a permis de neutraliser la brutalité et la férocité des appareils de répression des dictateurs. En réalité, les régimes répressifs et leurs alliés n’attendaient que la riposte violente pour dire au monde entier qu’ils sont face à des semeurs de troubles, à des agitateurs violents et à des extrémistes islamistes. Cette rhétorique qui a toujours constitué l’argument clé de la propagande des dictatures arabes, cesse de fonctionner lorsque le peuple fait le choix de la lutte pacifique et déterminée.
Ce mouvement que l’on a vu, a fondé son action d’une façon spontanée sur le principe fondamental de la résistance pacifique, de la symbiose de la force et de la douceur comme mode d’action, comme mode de résistance et comme voie de changement. En poursuivant la non-violence comme un principe absolu, les peuples ont montré une maturité dans les heures sombres et difficiles qui leur a valu la sympathie, l’admiration et le soutien des peuples du monde entier. Lesquels se sont reconnus dans cette révolution.
Le partenariat :
Cette révolution a montré qu’il est possible de se rencontrer, de collaborer, et surtout de reconnaître l’autre dans ses qualités et de s’estimer au-delà des différences et par-dessus les frontières des origines, des cultures, des croyances. Autant de raisons réelles et virtuelles utilisées cyniquement par les dictatures pour produire la division et cultivé la discorde selon la formule « diviser pour régner. »
Contrairement aux mentalités binaires qui divisent le monde en deux et qui débouchent de surcroit sur des logiques de violence et d’exclusion, l’état d’esprit du partenariat repose quant à lui sur la reconnaissance de l’autre et l’humilité. Il permet de ce fait la réalisation collective d’exploits historiques dans le foisonnement des idées et la collaboration des bonnes volontés.
Au moment où les dictatures ont tout fait pour opposer musulmans et chrétiens, religieux et laïques, démocrates progressistes et islamistes conservateurs, la place Tahrir véritable laboratoire de la révolution en marche a montré au monde entier qu’il y’avait du commun, du partagé, du semblable. Que des gens différents peuvent, en hommes de bonnes volontés, coopérer et travailler ensemble pour un avenir commun. Ils ont prouvé concrètement et actes à l’appui que « si nos cieux ne sont pas de la même couleur, notre terre est commune. Plusieurs défis urgents nous y attendent : la misère matérielle et morale, les dégâts faits à la biosphère, le tort fait aux enfants et aux minorités, les guerres et bien d’autres malheurs encore. »
La justesse de la cause :
Le troisième ciment du succès de cette révolution c’est la justesse de la cause. On a vu que malgré le soutien colossal dont bénéficiaient les régimes corrompus de la part des élites occidentales et orientales ; un soutien qui rendaient les conditions et le prix du changement extrêmement couteux, l’histoire a montré, encore une fois, que la détermination d’un peuple en soif de liberté et de dignité, prêt à se sacrifier dans la non violence et la justesse de la cause finissent toujours par triompher sur les forces dominante quelques soient leurs stratagèmes.
Dieu nous dit dans le Coran :
1. T’a, Sin, Mim.
2. Voici les versets du Livre explicite.
3. Nous te racontons en toute vérité, de l’histoire de Moïse et de Pharaon, à l’intention des gens qui croient.
4. Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d’abuser de la faiblesse de l’un d’eux : Il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il était vraiment parmi les fauteurs de désordre.
5. Mais Nous voulons favoriser ceux qui sont opprimés sur terre et en faire des dirigeant et en faire les héritiers,
6. Et les établir puissamment sur terre, et faire voir à Pharaon, à Haman, et à leurs soldats, ce dont ils redoutaient. (Les récits)