L’enfant et la mort
Depuis que nous avons été confrontés au décès d’un proche, mon fils de 6 ans se questionne sur la mort « Oummi est-ce qu’on peut mourir quand on est jeune ? Et pourquoi mourir ? » C’est aussi une discussion qu’il a eue avec son cousin du même âge. Il continue en me disant « est-ce que ça fait peur quand on est mort ? Parce qu’on a les yeux fermés dans le noir, dans la tombe ».
Et moi de lui répondre « à ton avis qu’en penses-tu, toi ? ». Je ne vous cache pas que je fus toute émue face aux questionnements de mon p’tit bout’chou. J’avais besoin de recueillir tout ce qu’il pense, s’imagine à propos de la mort afin d’apporter les réajustements nécessaires dans sa compréhension et surtout de la réassurance face à un événement tel que celui-là, qui par ailleurs est inévitable. Maintenant qu’il a acquis la notion du temps il est en mesure d’appréhender la notion de mort. Comment lui en parler ? De la tombe, de la séparation. Quelles seraient les réponses les plus adaptées à son âge ?
Parler de la mort à son enfant
Nous n’avons pas de témoignage de mort, nous n’avons que la tristesse et la peine de ceux qui restent ; de leur souffrance, du désespoir malgré l’effort de patience d’endurance et de prière… Lorsque nous perdons un être cher, c’est comme si une partie de nous-mêmes est arrachée, emportée avec le mort. C’est notre monde sensoriel qui est vidé d’une présence. Car on ne le voit plus physiquement, on n’entend plus sa voix. Ce qui nous reste c’est le souvenir de sa voix, de sa présence.
Souvent en tant que parents, pour protéger nos enfants des réalités que nous jugeons trop pénibles, nous évitons de parler de la mort en leur présence et esquivons leurs questions. Ce n’est pas une solution, car un jour ou l’autre surviendra le décès d’un proche, comment s’y prendre ?
Tous les enfants ont des peurs et des interrogations. Et leurs questions sont la plupart du temps précises et concrètes. Il faut leur en parler d’une manière claire et simple, ils n’attendent pas de discours métaphysique. Leurs questions concernent souvent l’état du mort dans son cercueil : va-t-il avoir faim, froid ? où va-t-il aller ? que fera-t-il ? va-t-il revenir ? Autant de questions d’enfant auxquelles il faudra répondre sans tabou et sans angoisse.
Ce qui est important c’est de les rassurer en leur expliquant avec des mots simples que l’âme se sépare du corps, que celle-ci va rejoindre son Créateur. Expliquer que quand on va chez Dieu on est plus vivant de la même manière. Que l’on se retrouvera auprès de Lui. Que la mort est naturelle, c’est dans l’ordre des choses… Sans rentrer dans les détails de châtiments et de supplices de la tombe. Il faudra aussi éviter de comparer la mort au sommeil car cela risque de provoquer de grandes peurs voire des angoisses.
Aider l’enfant à faire son propre deuil
La famille proche est bien-sûr la mieux placée pour assister l’enfant au cours de cette période difficile. Certains enfants vont extérioriser leur chagrin par des pleurs et de la tristesse, d’autres manifester leur peine par la colère, l’anxiété, la révolte. Ce qui est important ici c’est que l’enfant doit sentir qu’il a la possibilité d’en parler, qu’il a autour de lui des adultes qui peuvent l’aider à porter sa peine, même s’il est traversé par des bouleversements intérieurs. N’oublions pas que les enfants ont aussi une très grande capacité de récupération.
On peut par exemple lui rappeler que son chagrin va s’atténuer avec le temps, la prière et l’invocation. Lui dire aussi qu’il ne voit plus l’être aimé avec ses yeux, mais qu’il peut garder son souvenir et penser à lui dans sa tête et dans son cœur. On peut aussi surtout l’encourager à exprimer ce qu’il ressent au moyen de dessins ou de jeux de rôles. C’est ce qui permettra de lui redonner sécurité et de mettre des mots sur cette souffrance qui doit prendre le temps de passer. Si vous remarquez des problèmes répétitifs de sommeil, d’alimentation ou de comportement à l’école, il faudra alors s’assurer que l’enfant ne fait pas de déprime et consulter un tiers qui sera en mesure de vous aider.
C’est avant tout l’empathie, la bienveillance et l’affection de ceux qui l’entourent qui l’aideront à franchir cette étape et à grandir à travers l’épreuve.