Le dhikr, ce compagnon du quotidien…
Imaginez avoir la possibilité de goûter à un des jardins du Paradis. Là, aujourd’hui, où que vous soyez.
Imaginez encore, que vous puissiez y goûter sans limite de temps, et quand vous le souhaitez.
Imaginez enfin, que vous ayez la possibilité d’y accéder quelle que soit votre situation.
Ces jardins du Paradis sont à la portée de tout cœur qui aspire au Vrai, qui cherche la Lumière du Très Haut.
Selon Anas (que Dieu l’agrée), l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) a dit:« Si vous venez à passer devant les jardins du Paradis, établissez-vous-y et jouissez de tous les plaisirs ». « Ô Envoyé de Dieu ! Que sont-ils ces jardins du Paradis ? ». « Ce sont les cercles du dhikr ». (1)
Ibn Al Qayim Al Jouziya a souligné que nos cœurs rouillent comme le cuivre ou l’argent. Cette rouille du cœur vient avec les péchés et l’insouciance notamment. Son polissage se fait au moyen de la demande de Pardon et du dhikr. En effet, le dhikr ne cesse de polir le cœur jusqu’à le rendre comme un miroir brillant.
Les cercles de dhikr sont des jardins du Paradis, où on se connecte à Dieu Exalté soit-Il, où on renforce les liens avec ceux qui cheminent, où on éduque notre égo. Ils sont aussi un moyen de nous purifier. Le dhikr comporte une galaxie de bienfaits, intéressons-nous à la richesse de ses sens…
Les différents sens du mot dhikr
De l’arabe on comprend le dhikr comme le rappel, le souvenir, la mention, la remémoration…
Selon Abdessalam Yassine (paix à son âme), il comporte à la fois l’idée de se souvenir et le fait de répéter le Nom de Dieu.
Le dhikr renferme tellement de trésors qu’on peut lui trouver diverses significations selon le référentiel dans lequel on se trouve.
Le dhikr peut désigner le Coran : « En vérité, c’est Nous qui avons fait descendre le dhikr (Coran), et c’est Nous qui en sommes gardien. »(2)
Le dhikr peut faire référence à la prière du vendredi : « Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la prière du vendredi, accourez au dhikr de Dieu ». (3)
Le dhikr peut désigner la Science : « Demandez donc aux gens du Dhikr si vous ne savez pas » (4)
Toutefois, dans la plupart des textes le dhikr fait allusion à la répétition de formules spécifiques telles que le tasbih (soubhana Allah), le tahlil (la ilaha ila Allah), le takbir (Allahou akbar), la prière sur le Prophète (paix et salut sur lui) … Il existe différentes formules.
Les bienfaits du dhikr
Les éducateurs spirituels ont conseillé aux aspirants qui souhaitent cheminer vers Dieu et obtenir Sa Miséricorde, de pratiquer le dhikr avec abondance et de chercher la compagnie des gens du dhikr tant les bénéfices et mérites en sont nombreux. Pour n’en citer que quelques-uns : Il purifie le cœur et le débarrasse de la rouille ; il permet de se rapprocher de Dieu ; il est une lumière pour la Résurrection ; il permet de faire partie de ceux dont Dieu Se rappelle ; il nous protège ; il nous permet de suivre les pas du Prophète (paix et salut sur lui).
Le dhikr est au cœur ce que l’eau est au poisson. Sa pratique nous ressource et nourrit nos cœurs car « Le rappel de Dieu est certes ce qu’il y a de plus grand » (4). De plus, en pratiquant le dhikr, on peut multiplier les bonnes œuvres et cela très facilement.
Sa’d Ibn Abi Waqqas a dit : Nous étions chez l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) qui nous a dit : « L’un de vous veut-il obtenir 1000 bonnes actions chaque jour ? Comment l’un de nous pourra-t-il acquérir 1000 bonnes actions par jour ? lui demanda-t-on. En glorifiant Dieu 100 fois, il obtiendra 1000 bonnes actions et 1000 de ses fautes seront effacées » (5)
La bienséance lors de la pratique du dhikr
Bien que pratiquer le dhikr est une action facile à mettre en place, du fait de son contenu et de sa finalité, il convient de respecter certaines règles de bienséance et de bon usage.
Si l’on est assis, on fait l’effort de se diriger vers la qibla (en direction de la Mecque). On adopte une attitude et un comportement calme et concentré avec la tête baissée par humilité face à la Grandeur de Celui dont on se rappelle. Idéalement, être dans un environnement propre.
Bien plus important que ces éléments techniques, on travaille notre intention et on s’efforce d’avoir un cœur présent. Enfin, on médite sur le sens des formules que l’on répète.
Si l’on demande pardon (isthighfar), on oriente son cœur vers une sincère recherche de la grâce du Grand Pardonneur.
Si l’on prie sur le Prophète (paix et salut sur lui), on ressent la place particulière que notre Bien-Aimé occupe dans nos cœurs et on cherche sa proximité par exemple.
Si l’on témoigne de l’Unicité de Dieu Exalté soit-Il, on oublie toutes les préoccupations de ce bas monde.
« Le temps passe trop vite », entend-on souvent. Pourtant, nous avons une multitude de moments où nous pouvons mettre à profit notre temps pour nous rapprocher de Dieu. Par Sa Miséricorde et Sa Générosité, notre Créateur nous a facilité des actions très simples et faciles à mettre en œuvre pour nous permettre de nous rapprocher de Lui. Le dhikr en fait partie.
Nous pouvons le pratiquer où nous souhaitons, où que nous soyons : en marchant vers son travail, en allant rendre visite à un proche, en montant des escaliers, dans les transports en communs, en lavant la vaisselle…
L’imam Ghazali (paix à son âme) a comparé le dhikr d’un homme seul et le dhikr en groupe. Il a fait remarquer que l’appel à la prière par plusieurs individus avait plus de portée, car son effet était plus intense.
Seul ou en groupe, nous disposons tous d’un trousseau de clés dans lequel chaque clé est une formule ouvrant sur des bienfaits dont Seul le Tout Puissant détient les secrets.
Le Rappel profite aux croyants. Rappelons-nous, pour en faire partie…
Et Dieu sait mieux.
1. Rapporté par Thirmidhi
2. Coran : s.15, v.9
3. Coran : s.62, v.9
4. Coran : s.21, v.7
5. Coran : s.29, v.45
6. Rapporté par Muslim