Les chantiers de l’Excellence
La mission de tous les Messagers de Dieu et en particulier celle de notre Messager, Paix et bénédiction de Dieu sur lui, consistait à donner âme à la révélation par l’éducation de modèles d’hommes et de femmes capables de vivre eux-mêmes ce qu’ils s’apprêtaient à transmettre aux gens. Ainsi, le Messager de Dieu, comme il est décrit par notre mère Aicha, que Dieu l’agrée, était un Coran ambulant et la génération d’hommes et de femmes qui l’ont accompagnés était une génération coranique animée par la volonté d’atteindre l’Excellence « Al-IHSSANE[1] ».
Les hommes et les femmes de cette génération ont pu, grâce à l’Education prophétique, accéder à l’originalité et à la compréhension profonde du Message coranique. Ils avaient comme outils un cœur éveillé à l’écoute de la révélation, une raison éclairée ayant une vision d’ensemble et une robustesse transcendant tous les obstacles terrestres.
Viser l’Excellence ne peut se faire sans ces outils indispensables. Ce sont donc trois chantiers à entreprendre pour le croyant : la spiritualité, la formation et l’entretien de sa condition physique ; desquels dépendra sa volonté à progresser.
Pourquoi approfondir sa spiritualité ?
Le Messager de Dieu nous a légué ce témoignage : « L’apparence sous laquelle la personne sera ressuscitée est en fonction de son action dans cette vie ici-bas »[2].
Entretenir sa spiritualité est une exigence, parce que notre apparence au jour du jugement dernier dépendra de la spiritualité que nous portons ici-bas et particulièrement de la spiritualité que nous porterons dans le cœur à l’instant où notre âme va rejoindre son Créateur. On trouve dans les paroles prophétiques quelques illustrations, comme ce hadith qui cite l’état d’apparence d’un martyr le jour dernier : « Tout Homme blessé dans le sentier de Dieu viendra, le jour de la Résurrection, avec ses blessures d’où jaillira du sang marqué par une odeur du musc »[3]. Ce hadith n’est pas le seul qui nous informe sur l’apparence des ressuscités le jour dernier, voici d’autres images rapportées par le Messager de Dieu sur la résurrection :
- La personne qui meurt durant la prosternation de la prière sera ressuscitée le jour dernier en état de prosternation.
- La personne qui meurt durant le pèlerinage et qui se trouvait en train de répéter « Talbiya »[4] du pèlerinage, sera ressuscitée le jour Dernier en répétant cette même formule.
- Les arrogants seront ressuscités très petits le jour dernier, tellement petits que les gens les piétineront.
Pourquoi se former ?
Tout d’abord, parce que nous ne pouvons pas adorer Dieu sans savoir. Dans un extrait du livret « Le jour et la nuit du croyant », M. A. Yassine dit : « Consacre une petite heure de ta journée dans laquelle tu t’efforceras d’apprendre la religion…, afin de parfaire les conditions de la purification (les ablutions), la prière et tous les actes d’adoration car Dieu le Tout Puissant, le Majestueux n’accepte l’œuvre sincère que si elle est en concordance avec la tradition prophétique (Assounna) ».
Il vient en deuxième temps l’apprentissage de toutes les connaissances utiles concernant le vivre-ensemble. Etre un modèle de vertus dans la société, c’est d’abord y participer positivement, c’est être une force de proposition et d’innovation. La sagesse est une quête du croyant[5], nous devons alors nous l’approprier là où nous la trouverons.
Entretenir son intellect c’est donner à sa présence dans la société un prestige, c’est consolider ses connaissances, qui permettront au croyant de comprendre comment le monde actuel est organisé. Ceci est un devoir de celui ou celle qui porte la foi dans son cœur. Les acquis scolaires font également partie de ces connaissances, mais ils ne suffisent pas pour comprendre le monde. Des lectures diversifiées permettront d’aiguiser son esprit critique et de forger une indépendance intellectuelle, une citoyenneté active, positive et non influençable.
Pourquoi prendre soin de son corps ?
Le jour dernier, nous serons interrogés par Dieu sur la façon dont nous avons entretenu notre corps. Le corps est le moyen de transport que notre âme emprunte dans son voyage de retour à son Créateur et il est en même temps son outil pour accomplir les actes et les devoirs vis-à-vis de Dieu et des créatures.
Un corps faible ne peut accomplir une grande partie d’actes d’adoration qui demande au serviteur un minimum d’effort physique. A titre d’exemple, la prière est jalonnée par des mouvements de génuflexions et de prosternations, le pèlerinage demande aussi de l’effort ; chaque étape de ce voyage requiert de l’effort physique.
Pour ces raisons, on trouve dans la tradition prophétique des recommandations qui orientent les parents à protéger et à renforcer le corps de leurs enfants dès le bas âge : « Apprenez à vos enfants la natation, le tir à l’arc et l’équitation »[6].
Il est également déconseillé au serviteur de manger en excès pour ne pas nuire à son appareil digestif. D’ailleurs, une des vertus du jeûne du mois de ramadan est le fait que notre estomac se repose et que le sang se débarrasse des toxines accumulées durant l’année dans le corps.
Pour Conclure
Pour le croyant, changer ses viles habitudes, approfondir sa foi et apprendre la science qui lui sera utile dans la vie dernière, n’est pas une tâche aisée. Cela d’autant plus que les trois chantiers ne peuvent pas être entamés séparément parce que l’un dépend des autres.
C’est pourquoi, nous avons tous besoin d’une compagnie saine qui a déjà emprunté ce chemin de la réforme et qui connait ses pièges et ses embûches. Nous avons tous besoin d’une compagnie où règnent la miséricorde et la fraternité en Dieu, la gentillesse et l’entraide sincère.
[1] Pour signifier la foi parfaite. D’après le hadith authentique connu sous le nom de « Hadith de l’ange Gabriel » rapporté par Omar Ibn alkhattab «… Alihssane : c’est adorer Dieu comme si tu le vois et si tu ne Le vois pas sache que Lui te vois… ».
[3] Rapporté par Boukhari & Muslim
[4] C’est la formule que le pèlerin répète souvent « Labayka allahomma labbayk »
[5] D’après le hadith rapporté par Ibn Maja selon lequel le Messager de Dieu (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : ” La recherche du savoir est une obligation pour tout musulman “.