Une séparation sans lendemain
Elle avait goûté le plus amer de la vie et avait lutté contre les douleurs et les mauvaises circonstances. La joie l’avait quittée. Le fossé s’était creusé et était devenu un abîme profond. Le bonheur était devenu impossible.
Un spectre apparut au loin et s’approcha d’elle tel un esprit tranquille. Il frappa à la porte de son cœur croulant sous la tristesse qui le noircissait et l’affaiblissait. Il frappa à sa porte au moment le plus obscur de son existence. Il avait donné sa parole tel un chevalier des vieux contes lui offrant un bouquet de lumière. Il avait changé le cours de sa vie. Il y était la côte de sureté. Il avait tout changé. Il avait coloré toutes les surfaces noires qui se trouvaient dans sa vie. Elle avait vécu le moment, sûre et sereine. Elle s’était attachée à ce spectre. Ses journées avaient alors fleuri. Les lueurs nocturnes de ses yeux s’étaient éclairées. Il était devenu tout. Il avait comblé son être et son âme de tendresse et de bonté… Il était l’eau et l’air frais !
Ils ne se séparaient jamais. Elle dormait au son de sa voix. Elle rêvait de lui offrir des enfants au nombre des étoiles et un bonheur éternel. Il partagea ses rêves et lui disait : « Tu es mon histoire et mon roman dans lequel je terminerai mon rôle jusqu’à la fin. Tu es le rendez-vous inscrit sur mon agenda qui n’accepte pas de report. Tu es autre chose. Tu es un sentiment différent et la femme sans laquelle je ne peux vivre. »
Il lui demanda, un jour : « Qu’en sera-t-il si je devais mourir ? »
Elle répondit : « Tu me condamneras à mort »
Il réalisa qu’elle refusait la vie sans lui. Il s’était alors attaché plus à la vie et espérait vivre éternellement. Il craignait l’effet de la douleur de la séparation et le malheur de la mort sur elle. Sa présence ravivait son souffle instable.
Elle lui dit un jour : « Je ne m’imagine pas la nuit sans ta voix, sans ton esprit ni ta chaleur… Je te chercherai dans les yeux des autres, dans la foule et dans un nuage embrassant la lune… Je te chercherai quand arrivera l’automne de la vie, quand les feuilles de mes jours se faneront, quand le silence remplira les coins de ma chambre, quand le froid sera là, quand mes membres trembleront… Quand mes dents s’entrechoqueront… Ce serait insupportable ! »
Elle se réveilla. Une voix en elle lui criait qu’il ne reviendrait plus. Elle attendait son retour. Elle, qui passa sa vie à attendre… Elle attendait son retour comme d’habitude. Beaucoup de doutes emplissaient sa tête : « A-t-il oublié ? Est-il parti loin d’ici ? A qui pense-t-il ? »
Soudain, le téléphone sonna…
Il était parti en lui laissant la douleur de l’adieu qui lui vola absolument tout. Elle eut peur. Elle était terrorisée. Rien ne le remplacera, désormais. Ce qu’il reste de ses affaires la tuait. Le souvenir la brisa ainsi que les cordes de l’attente accrochées. Il l’avait déçue. Comment avait-il pu ne pas être au rendez-vous ? Comment avait-il pu partir ? Comment avait-il pu la quitter ? Pourquoi ? Elle ne supportait pas le poids de la douleur.
Mais elle s’assit par terre et répétait : « De celle-ci nous avons été créés et vers elle, nous retournerons. »
(Traduction de Takwa Regrag)
Magnifiquement bien écrit…
Amoureusement bien écrit…
Magnifique article. Un rappel si joliment écrit. N’oublions pas l’essentiel ici bas.
Merci à l’auteur.