Les ancrages relationnels dans l’éducation des enfants : “Ce n’est pas grave”
Nous avions consacré dans un premier article sur les ancrages relationnels, une place importante à la demande de pardon. Savoir reconnaître ses erreurs et faiblesses face à son enfant afin de créer une relation authentique avec lui, intitulé “je m’excuse”, cet ancrage permet à l’enfant de comprendre que le parent est susceptible de commettre des erreurs dans sa relation avec lui. Nous avions mentionné que cela était une expérience inconfortable que nous pouvons transformer en ancrage positif en présentant ses excuses à son enfant (selon les règles de l’art). Une expérience que l’on peut utiliser comme un moment d’apprentissage et de transmission de valeurs (demander pardon, savoir pardonner, l’humilité …) en relation avec la situation vécue.
L’enfant a besoin d’être accompagné durant les différentes étapes de sa vie, surtout durant les expériences et difficultés auxquelles il fera face.
Voici, illustré par une histoire vécue, ce que le second ancrage qui est « ce n’est pas grave » peut apporter comme bien-être à un enfant.
À l’âge de 14 ans, au collège, je rentrai à la maison pour la première fois avec un bulletin scolaire (trimestriel) non satisfaisant, j’étais en dessous de la moyenne. Le trajet vers la maison fut ce jour-là, l’un des trajets les plus difficiles que j’eus à vivre. Comment justifierais-je cela à mes parents ? Qu’est-ce qu’ils allaient me dire? J’avais un camarade de classe dans le même cas qui me proposa de falsifier la moyenne pour éviter d’être grondé par mes parents, ce que j’avais refusé non sans quelques hésitations… Mais j’ai préféré choisir l’honnêteté et assumer mes responsabilités en me sentant honteux et en ayant peur de leurs réactions quand-même.
Devant la porte, je pris mon courage à deux mains, je toquai à la porte. Ma mère ouvrit et m’accueillit avec le beau sourire habituel que je lui connaissais. Elle me demanda si ça allait ? Mon regard, ma posture donnèrent déjà la réponse, avant même que j’eus le temps de me justifier ou de chercher des excuses, elle me dit cette phrase incroyable qui fit tomber le poids que portaient mes épaules :
« Ce n’est pas grave, tu as encore deux semestres pour te rattraper ».
Une phrase prononcée avec amour et sincérité, qui m’a fait oublier le goût amer de mon échec. Mon père et mon grand-père m’ont répété exactement la même phrase lors du dîner. Une joie intense a dissipé ma tristesse, ma honte et ma colère. Un moment agréable ancré à jamais.
“Ce n’est pas grave” était pour moi un cadeau précieux pour reprendre la confiance en moi et renouveler ma motivation pour faire mieux et réussir mon année.
L’enfant fait ses premiers pas, il tombe et se relève, c’est grâce aux encouragements des parents qu’il continue, mais surtout l’acceptation de ses premiers échecs. Les parents attendent avec impatience les premiers pas et ils sont très contents quand leur enfant essaie, même s’il tombe ils l’applaudissent et ils l’invitent à réessayer, réessayer et réessayer… en lui disant à chaque fois “ce n’est pas grave, tu arriveras la prochaine fois”, une promesse qui se réalisera selon le rythme de l’enfant.
Un enfant fera face à d’autres échecs, ceux-ci sont des expériences négatives qu’on peut transformer en expériences positives (l’aimer, le chérir, l’encourager…) et en apprentissage (qu’est-ce que tu peux faire de différent la prochaine fois ? De quoi as-tu besoin ? Qui/qu’est-ce qui peut t’aider ?).
Ne sous-estimons pas la force des mots qui peuvent être un carburant pour nos enfants et les pousser vers le haut ou être un frein à l’apprentissage et à leurs capacités à se dépasser…
À suivre…