Rencontre avec le lien des cœurs
Un jour une de mes meilleures amies me proposait qu’on se voie pour étudier notre religion, pour donner une dimension spirituelle à notre vie. Quelle idée je me murmurais à moi-même… échanger mes flâneries Promod, Zara… Mon travail me suffisait bien je n’avais pas le temps pour étudier. Elle me relançait régulièrement, je suivais mon égo, je trouvais régulièrement une excuse pour décliner son invitation.
Elle me contactait régulièrement pendant quelques mois, pour me convaincre de tester et que cela ne m’engageait en rien. Je restais dubitative face à l’énergie qu’elle déployait.
Un jour j’appris que ma tante chérie, Fatima, du Maroc tomba gravement malade.
J’étais si loin, elle se trouvait au Maroc et moi en France. Allait-elle survivre jusqu’à l’été suivant. J’ai décidé de poser un mois de congés en plein automne et je suis allée lui rendre visite au Maroc, partager du temps avec elle et profiter d’elle.
Sans me douter que ce voyage allait bouleverser ma vie.
Billet en poche destination Maroc avec l’intention de rendre service à ma tante sans vraiment savoir de quel secours je serais. Déterminée à faire ce geste pour elle, qui avait une place si spéciale dans mon cœur.
Ma tante avait 36 ans, 2 enfants en bas-âge. À mon arrivée je trouvais une femme affaiblie, alitée.
Malgré son état, elle passait une grande partie de la nuit éveillée, en prière ou chapelet à la main. Un jour, « forte » de mon ignorance, je lui demandais de retourner dormir pour se reposer. Elle me regardait laissant paraître son magnifique sourire en me répondant « je préfère plutôt que tu restes éveillée près de moi… on ne sait jamais ce qui peut m’arriver ».
Pensant qu’elle m’avait donné la mission de la surveiller si jamais elle faisait un malaise… je compris bien longtemps après, que Fatima profitait du temps qu’il lui restait pour m’enseigner ce qu’elle faisait pendant que tout le monde dormait.
Si malade et pourtant si rayonnante. Une énergie m’attirait vers elle, je ne me l’expliquais pas.
Au lendemain de ma première nuit passée, elle me recommanda d’ouvrir tous les matins dès mon réveil la porte d’entrée. Je demandais pourquoi ? Elle m’indiqua juste que je comprendrai de moi-même. Ma tante chérie était si forte pour m’aider à apprendre à observer de moi-même et à chercher le sens des évènements qui nous entourent. Elle me rappelait régulièrement que Dieu aimait les êtres intelligents.
Ma première matinée, j’ouvris la porte d’entrée dès mon réveil.
À 9h30 : une jeune femme qui revenait du marché vint sonner, entra et apporta un panier de courses pour ma tante.
À 10h ! Une autre jeune femme entra, alla dans la salle de bain prit le linge sale et apporta un panier de linge propre.
10h30 : une autre jeune femme entra, remplit un seau d’eau et se mit à nettoyer le sol.
11h00 : une quatrième jeune femme vint, entra dans la cuisine et prépara à manger.
15h : elles revenaient toutes ensemble passer une heure ou deux avec elle, accompagnées d’autres jeunes femmes, parfois la faisant rire, parfois lui lisant du Coran, parfois elles regardaient ma tante fatiguée dormir comme pour lui montrer qu’elles étaient là.
Le quotidien de ma tante Fatima, une organisation telle que peut être structurée une entreprise où chacune occupait un poste. Ma tante ne se préoccupait de rien, excepté de sa santé. Et pourtant, tout était fait dans la joie et la bonne humeur. Toutes ces jeunes femmes, les amies de ma tante que dis-je ? Ses anges-gardiens se souciaient de Fatima plus que d’elles-mêmes. Quel émerveillement à observer ces scènes.
Un matin je me suis levée avant ma tante… il faisait froid, je n’ai pas ouvert la porte. La seule consigne qu’on m’avait donnée. J’allais découvrir que cette porte portait un message, un signe, un moyen de communiquer entre des âmes qui n’avaient plus besoin de mots pour se parler.
Ce jour-là, j’ouvris la porte vers 11h15 à la demande de ma Tante lorsqu’elle s’aperçut que je n’avais pas suivi sa demande.
À 11h30, la personne ayant l’habitude de venir à 11h sonna et me remit un plat cuisiné.
Elle me dit, voyant la porte fermée : « nous nous sommes dit que Fatima s’était rendue dans sa famille ». Le reste de notre famille vivait à 60 kms. C’est le seul moment où elle ferme la porte et le seul moment où on ne vient pas lui rendre visite.
Mon Dieu, cette porte ouverte était un mot de passe. Le mot de passe du défilé habituel de ses amies. Ces femmes qui s’occupaient des tâches du quotidien de cette petite famille.
Mais quel était ce lien entre ces femmes ? Des meilleures amies ? Non ça ne pouvait pas être juste de l’amitié. J’avais mes amies en France, j’étais proche d’elles mais nous n’avions pas ce lien, nous n’avions pas ce souci de l’autre à ce point, nous n’avions pas cet amour aussi fort…
Mais qu’est-ce qu’elles avaient trouvé que je ne connaissais pas ?
Je m’interrogeais, je m’émerveillais …
Qu’est-ce qui avait rassemblé ces âmes ? Elles respiraient la joie de vivre, une beauté les illuminait toutes… Elles ne faisaient qu’un.
Je finissais ce mois de congés pas comme les autres, à vivre … je découvris qu’on pouvait vivre sa vie et pas seulement survivre. Je me suis transformée en une éponge qui voulait en découvrir plus, et qui voulait découvrir le secret de ces personnes qui m’entouraient.
Pendant une assise, j’ai entendu le nom d’une invocation « Dou’a ar-Râbitah » (1). Je demandais ce qu’était cette invocation. Un nom jamais entendu jusqu’alors.
Voilà, j’avais enfin trouvé !
Une joie m’envahit… j’avais découvert le « secret ».
Ma curiosité me poussa à en savoir plus… Mais qui était derrière cette invocation ?
Qui était cet Homme ?
J’appris que c’était une personne qui a su lier les cœurs d’amour pour Dieu et en Dieu. Un homme qui légua à ces femmes une invocation que seuls ceux qui la pratiquent peuvent en découvrir les bienfaits.
Un Homme qui a su revivifier la guidance de Notre Bien-aimé prophète Mohammed, paix, salutations et bénédictions sur lui.
Un Homme qui a redonné la place de la femme dans la société.
Un Homme qui apprit le Coran dès son plus jeune âge et qui en a fait l’élément central de notre éducation spirituelle comme nous le recommandait notre noble prophète, paix et salut sur lui.
Je vous présente Abdessalam Yassine, que Dieu le couvre de Sa miséricorde et qu’Il le compte parmi les proches de notre honorable prophète, paix, salutations et bénédictions sur lui.
Il y aurait tellement à dire, mais ce que voit le cœur, peu de mots peuvent l’exprimer…
Comment avais-je pu vivre tant d’années sans le connaitre ? Comment le shopping pouvait être ma priorité alors que je ne connaissais pas ma religion… je ne connaissais pas mon cœur.
Depuis que j’avais percé le « secret » de ce groupe de femmes dont faisait partie ma tante chérie, je demandais à Dieu de m’accorder une telle compagnie. Je rentrai du Maroc chamboulée. Je voulais partager ce voyage exceptionnel. Partie pour aider Fatima, je suis revenue en comprenant que c’est elle qui l’avait fait.
Mon cœur voulait crier cette joie. Mais comment faire ? Je ne savais pas comment m’y prendre.
Le lendemain, mon amie me contactait pour prendre des nouvelles suite à mon voyage et pour me relancer pour que nous puissions étudier notre religion.
« Bien-sûr » lui lançai-je, c’était devenu une évidence. Ça sera un bon début pour essayer de reproduire, de revivre mon expérience et pourquoi pas la partager.
Nous planifions la rencontre chez moi, nous étions cinq, chacune se présente. Mon amie, commence à nous parler du programme. Quand soudain elle prononce un nom qui fait écho à mon âme.
Une émotion inexplicable m’envahissait, je me lève, je prends une plaquette rangée dans mon bureau, un souvenir de mon voyage. Je lui montre la photo de l’homme qui avait ponctué mon expérience, un nom qui ressortait régulièrement lorsque j’étais au Maroc.
Je demande à mon amie parles-tu de cet homme-là, celui qui se trouve au Maroc ? Parles-tu bien de ce Abdessalam Yassine-là ?
Elle me répondit oui. Pourquoi ? Tu le connais ? Et tu connais déjà ce que je vais présenter ?
Mes yeux se remplirent de larmes…
Dieu avait répondu à mon invocation de trouver la bonne compagnie pour partager le lien du cœur, avant même que je parte pour ce merveilleux voyage. Cette sœur qui voulait qu’on chemine ensemble me proposait ce cadeau. Elle connaissait déjà le secret. Elle appliquait déjà cette invocation qui soude les cœurs d’un amour sincère et sans faille.
Voilà comment j’ai rencontré Abdessalam Yassine, paix à son âme.
Il s’est écoulé bientôt quinze ans depuis ma « rencontre » avec lui. Ma vision de la vie a changé grâce à Dieu par le biais de cet homme ; il a su replacer Dieu le Très-Haut et le prophète, paix et bénédiction sur lui, dans les priorités de mon existence.
Parfois la vérité est sous nos yeux et nous ne la voyons pas. La bonne compagnie est à un pas et nous passons à côté. Dieu nous a donné des cœurs que nous devons apprendre à nourrir d’amour pour Dieu et en Dieu et d’amour pour le prophète, paix et salutations sur lui.
Je demande à Dieu, que par le lien des cœurs, que nous puissions nous tirer les un(e)s les autres au paradis dans le plus haut degrés el Firdaws..
Je remercie Dieu, du fond du cœur, pour cette belle aventure dans ma vie d’ici bas.
Je remercie Abdessalam Yassine d’avoir touché mon cœur et impacté autant ma vie.
Je remercie mes sœurs du Maroc qui ont accompagné ma tante (paix à son âme) jusqu’au bout, et mes frères du Maroc qui se sont chargés de ses funérailles alors que mon oncle se trouvait à la Mecque.
Je remercie mon amie, qui m’a choisie par la volonté de Dieu, pour cheminer dans ce bien.
(1) « Dou’a ar-Râbitah » ou l’invocation de liaison est le fait d’invoquer en faveur de ses frères et sœurs dans la foi. Cette manière d’invoquer trouve sa source dans la parole de Dieu : « Seigneur, pardonne-nous ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la Foi» [S 59, v 10]. Voir le lien : https://www.psm-enligne.org/spiritualite/articles-spiritualite/1494-cheminer-par-linvocation
Magnifique témoignage et hommage également. Merci beaucoup pour ce joli partage
رحم الله تعالى هذا الرجل الدال على الحق سبحانه.
Merci pour votre partage d’expérience et votre témoignage.
Concernant la distraction dont il est question ici (le shopping), je me demande si le recours à celle-ci n’est pas un réflexe de survie inconsciemment opéré par l’âme en attente lattente d’une présence pour laquelle elle est prédisposée.
Il serait sûrement intéressant ici d’analyser ce que peuvent nous proposer nos sources à ce sujet.
Dieu Sait Mieux.
Merci pour votre témoignage qui a rempli mon cœur d’émotion et m’a émue aux larmes. Je ne suis pas musulmane mais je comprends mieux ainsi mon mari très attaché à cette lecture de votre religion.