La grâce de la douleur

A Toi ! Oui Toi, ô âme ! Toi qui te sens si à l’étroit, tiraillée par la douleur et suffoquant dans ce corps qui n’est qu’enveloppe. Malmenée et épuisée par tant d’épreuves. Pose-toi et accompagne-moi un instant. Offre-toi cet horizon que tu ne recherches peut être plus. Y verras-tu sans doute la chaleur dans le froid, la lumière dans la nuit profonde, l’espérance et la joie dans l’épreuve et la douleur…

Que ta souffrance soit ta force ! Celle qui te transportera vers la noblesse et te fera goûter à l’humilité et la douceur de ce cœur remerciant. Accepte mais ne te résigne point ! Car, à l’image de notre Prophète, paix et salut sur lui, et celle de ses nobles compagnons tu combattras dans l’adversité, clamant la gloire de Dieu, exalté soit son nom.

« Il n’y a pas de calamité qui vous touche sur terre ou en vous-mêmes qui ne soit déjà inscrite dans un livre avant même que Nous la créions »[1]

Agis et ne cesse d’espérer car « Certes, la difficulté est accompagnée d’aisance »[2] et n’oublie pas que le jour succède à la nuit.

Serais-tu capable de reconnaître le bon sans avoir goûté au mauvais ? Le sucré ne saurait être ce qu’il est sans l’amertume. C’est la loi de la vie et elle ne changera pas.

Elle a été créée de cette façon puisque « Nous avons créé l’être humain pour l’éprouver »[3]

Sinon, que vaudrait le Paradis ?

La douleur et les épreuves ont bercé la vie des Prophètes, des Compagnons, des Nobles et des Justes, paix et salut sur eux. A cela, ils ont répondu par leur patience exemplaire et leur lutte incessante pour Sa satisfaction. Leur champ de vision ne se limitait pas à une surface mais perçait dans les profondeurs. L’Homme qui sait peut-il être comme celui qui ne sait pas ? Bienheureux celui qui n’oublie pas ce verset : « Et il se peut que vous détestiez une chose et quelle soit un bien pour vous »[4]

Ne déteste donc pas la douleur, puisque c’est avec elle que l’imploration devient ardente et c’est par elle que la supplication prend tout son sens. Et prend garde à ce que la brume ne s’épaississe pas au point de ne plus voir le soleil qui se lève pour toi. N’oublie pas la fraîcheur de l’eau qui étanche ta soif, ni la douceur du fruit qui pousse également pour toi.

Sois fort et avance ! Tant que le souffle ne te lâche pas, ne t’arrête pas ! Fais preuve de courage, affronte et ne fuis jamais. Sois tel un Hamza, un Omar (ra)! « Ne faiblissez pas et ne soyez pas tristes alors que vous êtes les supérieurs si vous êtes croyants »[5]. Et même si toutes les portes se referment sur toi, celles de Dieu, exalté soit Son nom, seront toujours grandes ouvertes, ne l’oublie pas.

Le poète Ilia Abou Madhi[6] a dit :

« Ô toi qui te plains sans aucun mal
Que deviendrais-tu si tu étais vraiment malade ?
Le pire crime dans la vie est le fait qu’une âme
Veuille éviter la mort avant qu’elle ne l’aborde
Qui voit les épines dans les fleurs et qui n’aperçoit
Nullement la rosée qui y forme une guirlande
Est un bien lourd fardeau pour la vie
Celui qui pense que la vie est une charge bien lourde
Et celui dont l’âme est dépourvu de beauté
Ne discerne dans l’Univers, aucune chose splendide      
Profite donc de l’aube tant que tu y es
Ne crains pas son départ avant même qu’elle ne s’évade
Et si un souci dans ta tête t’égare
Ne t’en préoccupe pas trop afin qu’il ne devienne pas rigide
Les oiseaux des collines ont découvert son fin fond
Ce serait humiliant que tu aies envers elle, de la mégarde
Ne vois-tu pas alors que le champ ne leur appartient pas,
Qu’ils en ont fait leur pâturage et leur lieu de quiétude. »         

 


[1] Coran : S.57 ; V.22

[2] Coran : S.94 ; V.6

[3] Coran : S.90 ; V.4

[4] Coran : S.2 ; V.216

[5] Coran : S. 3 ; V. 139

[6] Poète libanais (1889-1957). Il a regroupé toutes ses poésies dans un même livre qu’il a intitulé «  tadkira Madhi » (souvenirs du passé ou souvenirs de Madhi)

Un commentaire

  1. Ma Sha Allah ! Nous devons considérer les épreuves comme des amis, le bienvenu dans notre vie de croyants. Nous devons s’y attachez d’une manière psychologique pour les surmonter. S’accrocher solidement à l’anse du Tout Miséricordieux. Trouver une satisfaction à vivre pacifiquement chaque instant en remerciant Allah pour Ses bienfaits.

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