Le Ramadan, un nouveau défi à relever pour s’éduquer

Le Ramadan est un ami dont j’attends la visite depuis longtemps, comme beaucoup de personnes autour de moi ! Et j’avais réellement peur de ne pas pouvoir l’accueillir cette année. Vraiment.

 

Je m’étais entraînée à jeûner le lundi et le jeudi durant mon année de terminale mais je dois avouer que, souvent le jeudi, les séances de Travaux Pratiques de Chimie avaient raison de moi. Le lundi aussi d’ailleurs… Mais peu importe, j’ai réussi à jeûner quelques fois en espérant qu’il soit agréé. J’essayais aussi tant bien que mal de garder un lien quotidien avec le Coran  et de me concentrer dans ma prière, ce qui dépendait des périodes de l’année…Etrangement je me sens beaucoup plus proche de Dieu et de Sa création en hiver, allez savoir pourquoi !

Chaque année j’adopte une résolution pendant le Ramadan que je me jure de tenir malgré mon nafs et le Sheytan. L’année dernière c’était le fait de prier les deux rak’ats surérogatoires qui suivent la prière de Al Maghreb et al hamdoulilah  je m’y suis tenue grâce à Dieu. Étant scolarisée dans un lycée public, j’ai choisi d’enlever mon voile pour étudier. Ce n’est pas simple quoi qu’on en dise mais ce n’est pas le propos. Je m’étais simplement jurée devant Dieu, pendant une nuit du mois de Ramadan, que j’acceptais à nouveau la mission qu’Il m’avait choisie et que je transmettrai Son message, du mieux que je le pouvais, aux autres personnes du lycée, élèves et professeurs, par le sourire, l’humour, l’entraide, le travail, le partage, l’honnêteté et l’amour. Mon but : déranger. On a appelé ça « la dénégation positive » avec  Nicolas, un garçon du lycée.  Le leitmotiv : « Je ne cesserais de remettre en cause ce en quoi tu crois tant que tu ne pourras pas me convaincre avec des arguments que j’approuve par logique que ce en quoi je crois est moins légitime ». Formateur. Et je peux vous dire que mon objectif Ramadan 2011 a été atteint ! Al hamdoulilah. On m’a beaucoup aimée ou totalement détestée, mais personne n’est resté indifférent, non pas à ma personne, mais au message que l’on portait, nous, musulmans lycéens. J’ai beaucoup ri, énormément appris des autres et je me suis sincèrement liée d’amitié avec des camarades lycéens. Mon cœur est apaisé. Un mal pour un bien finalement en enlevant mon voile.

Pour vous dire que le Ramadan est pour moi le moment de choisir un nouveau défi à relever pour m’éduquer et me rapprocher de Dieu.

Cette année, je voulais m’investir dans l’associatif ! Et c’est avec l’aide de toute une équipe de frères et sœurs, jeunes et moins jeunes, timides ou téméraires, que je participe à plusieurs projets. Parmi eux celui d’aider à la préparation d’une fête de l’aïd pour la communauté, celui de faire découvrir d’autres cultures aux fidèles ou encore celui d’offrir à une soixantaine d’enfants une semaine de loisirs autour du Ramadan et d’autres activités.

Pourquoi  faire tout ça ? Pour des sourires ! Car « Un sourire est souvent l’essentiel. On est payé par un sourire. On est récompensé par un sourire. »
Antoine de Saint-Exupéry

Le Ramadan est pour moi un grand moment de partage et d’émotion.

C’est vrai qu’avec toutes ces activités, je me suis simplement tenue à ce que je faisais déjà pendant l’année en termes d’adoration rituelle (prière ,dhikr, Coran..).Ce à quoi s’ajoutent les quelques fois où je vais prier les tarawihs. J’aurais voulu faire plus mais trouver le temps et l’énergie avec ces activités est difficile ! Un frère et ma mère m’avaient prévenue que cela serait difficile à gérer. Mais je ne regrette rien. Rien du tout.

Le Ramadan, c’est aussi pour moi un moment triste. Le moment où l’on découvre des choses sur soi, où l’on se pose des questions sur le chemin qu’on veut suivre et avec quelles personnes on veut l’emprunter…

J’ai quand même un petit rituel. Un rituel qui m’apaise. Chaque soir avant de dormir, j’ouvre les fenêtres de ma chambre et je regarde le ciel. Une vaste toile noire filée par ces étoiles argentées et ponctuée de l’humble  lune majestueuse. Ouvrir ces fenêtres c’est comme ouvrir mon cœur fragile que le vent frais caresse pour faire couler mes larmes. On se sent tellement loin de tout et si stupide.  Il est là. Il me parle. Et Il me rappelle que tout n’est qu’illusion. Que chaque chose a une fin et que le temps s’écoule. Qu’Il connaît tout quand on croit connaître. C’est faux. On ne connaît rien, mais c’est rassurant de le penser. Quelques fois j’entends des petits oiseaux qui s’amusent de notre bêtise. Ralentis Imane. Regarde-les. Ils t’enseignent à retenir le temps. Ils t’enseignent à contempler le vent. Mon regard ne s’ennuie jamais de ce vaste univers qui n’a pas de limites. C’est mon miroir. Notre rappel. On ne pourra pas fermer les yeux très longtemps. Dans ces moments, je me sens envahie d’une profonde tristesse ou plutôt d’une douce mélancolie réparatrice, regrettant une contrée que je ne connais pas… et que je crois percevoir dans les yeux rieurs de ces enfants. Je n’existe pas.  Il m’arrive aussi de regarder en bas. Les lumières. Mes étoiles urbaines. Le ciel est partout. Il y a aussi les autres. Les passants. Ils courent je ne sais où. Ils n’ont pas le temps de parler au ciel. Ils le regretteront sûrement. Je leur invente une histoire. Je souris. Je fais mes invocations. Je m’endors. À demain.

Mon Ramadan est un doux bruit silencieux qui parle au cœur de ceux qui fraîchement le soir s’adressent  aux cieux. Le Ramadan, c’est le moment où il faut oser se découvrir et accepter la mission que Dieu a choisi pour nous. Il n’y a des problèmes que là où l’on consent qu’il y en ait et il n’y a de limites que pour les dépasser. L’important est qu’avec sincérité, on puisse avancer, rire et aimer !

 

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