Où est l’homme ?
Jamais l’humanité n’a fait d’aussi beaux discours et n’a eu l’occasion de les diffuser sur une aussi grande aire que de nos jours.
Le discours le plus narcotique certainement est bien celui qui prétend défendre les droits de l’homme. Plus on en remâche, plus on en ressasse, plus ces droits deviennent incertains et flous.
Plus on s’éloigne de l’essence de l’homme et plus on perd son sens, plus on parle de ses droits.
Plus on opprime les hommes, plus on parle de l’homme. Plus on exploite les hommes, plus on magnifie l’homme.
Plus le libéralisme sauvage mondial écrase les hommes plus il produit de discours sur l’homme.
Qui est l’homme ? Où est l’homme ?
Ce citoyen de la modernité ; « paumé », blasé et frustré de ne pas consommer autant que son voisin ?
Ce drogué, « accro » à ses chimères, visitant dans les larmes et dans le sang de ses piqûres des paradis infernaux ?
Ce pauvre hère du Sud ignare, indigent et découragé qui ne trouve pas un quignon de pain à se mettre sous la dent ?
L’homme est si loin de l’homme !
Qui est l’homme ? Où est l’homme ?
Rares sont ceux qui prennent le temps de se poser ces questions cruciales. On croit suffisant de connaître le secret de certaines équations et d’atteler les sciences exactes au service de l’homme. La réflexion moderniste ne connaît plus que la logique du vélo : rouler sans se poser de questions…Surtout ne pas penser au sens des gestes qui font tourner la machine politico-économique qu’est devenu le monde !
Les beaux discours se chargeront d’anesthésier les consciences: l’humanité plonge doucement dans un état hypnotique dont la sortira une réalité dramatique certainement. Ainsi drogué, au sens propre comme au sens figuré, l’homme perd progressivement son identité et renie les valeurs qui caractérisent son statut d’être humain.
L’avenir est gravement compromis si la vertu continue d’être exilée de notre rapport au monde. Un avenir humain, entendons. Les avenirs incertains sont, eux, au rendez-vous et nous attendent au tournant. Le pessimisme s’insinue doucement sans faire de bruit même dans les têtes les mieux faites ; surtout dans ces têtes-là. Les bras se baissent et les troncs se courbent bas devant les passions funestes qui semblent avoir imposé leurs diktats à l’homme.