L’Éveil du Compagnon Silencieux

Il y avait un temps où les jours passaient, entrelacés de devoirs et d’efforts, où le Coran n’était qu’une mélodie lointaine dans son esprit. Un jour, il prenait entre ses mains les pages sacrées avec ferveur, l’esprit résolu à s’ancrer dans les versets. Le lendemain, il les abandonnait, distrait par le flot incessant des préoccupations. Comme un ami parfois oublié, le Coran attendait, patient, fidèle malgré les absences.

Les mois s’égrainaient, rythmés par les promesses renouvelées et les abandons. Mais quelque chose changea au fil des années. Peu à peu, il comprit que ce n’était pas un simple texte qu’il étudiait, mais une rencontre qu’il poursuivait. La relation se faisait plus profonde, plus constante. Chaque sourate franchie, chaque verset maîtrisé tissait un lien plus tangible entre lui et cette parole divine qui avait toujours été là, sans jamais faiblir.

Puis, il y eut ce soir.

Il pleuvait dehors. Un de ces orages soudains qui viennent briser la chaleur de la journée. Il s’était installé pour sa révision quotidienne, sans penser qu’une révélation allait survenir, cette fois-ci non pas dans les mots, mais dans le cœur. Alors qu’il récitait, les sourates se déployaient avec une aisance nouvelle. Chaque mot sonnait comme un souvenir d’enfance, familier et tendre. Il ne lisait plus simplement, il reconnaissait.

Comme un visage longtemps oublié, les traits du Coran se révélaient à lui. Cette parole sacrée n’était plus seulement un ensemble de lettres qu’il avait mémorisées avec discipline. Ce n’était plus simplement l’effort de l’esprit, mais un compagnon qui se tenait là, à ses côtés, depuis toujours. Le compagnon des jours ensoleillés où tout semble simple, mais aussi celui des jours gris et lourds, où la solitude peut envahir les cœurs.

Ce soir-là, en murmurant les versets dans sa prière, il ne pouvait plus retenir ses larmes. Elles coulaient doucement, non par tristesse, mais par une joie infinie, celle d’une rencontre tant attendue. Il ne récitait plus un texte, il parlait avec un ami, un compagnon qui lui était devenu plus concret, plus réel qu’il ne l’avait jamais imaginé. Ce compagnon qui l’accompagnerait jusqu’au dernier souffle, qui l’attendrait dans la tombe, éclairant même les ténèbres du silence.

Ce soir, il n’était plus seul.

Il avait traversé les âges du doute et de la persévérance. Le chemin avait été irrégulier, parsemé d’abandons, de reprises, de luttes intérieures. Mais chaque effort avait construit cette relation, comme on sculpte une œuvre d’art avec patience et amour. Aujourd’hui, il prenait conscience de la promesse éternelle du Coran, ce compagnon silencieux qui ne l’abandonnerait jamais.

Alors que la pluie battait contre les fenêtres, il souriait à travers ses larmes. Il savait que, peu importe ce que l’avenir lui réservait, il n’était plus jamais seul. Le Coran n’était plus un texte à mémoriser ou un effort à accomplir. Il était devenu un visage familier, une lumière constante, une source d’amour inconditionnel. Le compagnon ultime, dans la vie et au-delà.

Et, cette nuit-là, sous le voile de la prière, il rencontra véritablement le Coran pour la première fois.

Un commentaire

  1. Magnifique
    Émouvant
    Inspirant

    Mille mercis pour ce texte profond et tellement bien écrit.

    Que cet éveil et cette rencontre avec le Coran touche chacun d’entre nous.

    Amine

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