Enfants de la patrie, « le jour de gloire » est-il arrivé ?
« C’est l’histoire d’un enfant de la patrie, qui ne voyait pas encore le jour de gloire arriver…
Il rêvait de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Et dans ses rêves les plus fous, il était chevalier missionnaire sous les ordres de Sa Majesté La République. Sa mission consistait à rassembler tous les Sages des villages ennemis, afin de les faire s’assoir autour d’une table. L’enjeu était de taille : il fallait établir ensemble une éthique commune qu’on appellerait « Laïcité ». Cette éthique devait garantir à tous les villageois de conserver l’histoire de leurs ancêtres respectifs, leur culture et leur religion. Elle devait garantir la paix, et l’accueil généreux de toutes les confessions qui existaient dans ce grand royaume.
Femmes et hommes, gardiens de la paix, assuraient ainsi l’ordre et l’entente, au nom de Sa Majesté.
Fier de sa mission, notre chevalier dévalait monts et vallées, se faisant proche du pauvre et de l’opprimé, écoutant les soucis et les doléances du peuple. Il pénétrait les foyers et on le conviait à faire bonne chair comme un membre intégrant de la famille. Il portait le souci des villageois comme s’il s’agissait du sien. Il veillait à ce que tous autour de lui puissent jouir du même sentiment de bien-être et de sécurité, quelle que soit l’appartenance confessionnelle, sociale ou politique. Le noble comme le pauvre, la femme comme l’homme, tous étaient soumis aux mêmes principes garantis par cette mère Laïcité. Une mère bienveillante, généreuse et accueillante. Une mère trait d’union entre tous ses enfants si différents les uns des autres. Les uns s’épanouissant dans l’engagement à la recherche de Vérité, les autres au contraire fuyant les rangs et le devoir. Tous buvaient au sein de cette mère Laïcité le même lait de l’espoir et de la liberté.
Tous les villageois vivaient en harmonie. Il semblait que le leitmotiv de ce royaume était le bonheur par la participation individuelle à la vie collective. »
Ce petit conte est celui que nous aimerions tous raconter à nos enfants le soir avant de dormir. Afin de les bercer au son d’un monde meilleur, d’une société idéale.
Malheureusement, il n’en est rien.
Certes, notre ami le chevalier existe : c’est vous, c’est nous, ce sont tous ceux qui militent et se battent au quotidien pour le confort social, intellectuel et spirituel de nos citoyens. Certes tous ces chevaliers pleins de bravoure et d’ambitions sont sincères dans leur démarche. Mais aujourd’hui tous les chevaliers de France sont de pauvres orphelins, abandonnés, avortés par leur mère Laïcité. Celle-ci les a trompés puis les a laissés livrés à eux-mêmes depuis 30 ans déjà. Beaucoup de ces pauvres enfants de la République, leurrés puis trahis, se sont réfugiés dans les radicalismes religieux low-cost, mais pas seulement : ne faisons pas table rase des radicalismes médiatiques qui consistent à manipuler les esprits pour les tirer vers le bas, d’où le succès de la télé réalité et autres urinoirs de l’information. Nous pouvons aussi mentionner les radicalismes des politiques urbaines qui ont créé de leurs propres mains ghettos et enclos pour citoyens de seconde zone. Nous n’oublierons pas le radicalisme de la société de consommation qui consume les esprits et les cœurs de la nation. Ne négligeons pas non plus le radicalisme de l’éducation qui a longtemps réorienté ou désorienté ou découragé les ambitions de jeunes élèves issus des milieux défavorisés. Et ne minimisons pas non plus le radicalisme politique, celui qui corrompt, manipule et « programme » habilement de fines stratégies pour ne surtout pas tenir ses « programmes » annoncés lors de meetings hors de prix, inspirés par des formules rhétoriques basées sur la peur et la haine de l’autre.
Tous ces diktats nous imposent leur règle binaire au quotidien : soit nous glissons subtilement dans ces endoctrinements, et là nous ne pouvons plus répondre de nous-mêmes. Adieu esprit critique, adieu lucidité, adieu humanité et citoyenneté. Soit, enfin, nous nous engageons devant Dieu et devant le peuple (les deux seuls souverains de nos destins) dans un parti de lutte et de résistance contre tous les endoctrinements, contre toutes les injustices.
Injustices faites à nous-mêmes, mais pas seulement… car le citoyen français participatif, d’une confession ou d’une autre, est un individu qui ne s’installe d’aucune manière dans le raccourci et la facilité de l’individualisme. Les injustices faites à la communauté juive, me sidèrent. Les injustices faites à la communauté chrétienne me bouleversent. Les injustices faites aux citoyens libres qui mal-croient ou mécroient me renversent. Les injustices faites à ma communauté m’empoignent…Le croyant au cœur vivant est cet individu qui s’insurge contre toute forme de mal. Celui fait tous les jours à la nature (aux forêts, à l’eau, aux animaux, à l’air). Le cri citoyen est aussi celui-ci. Toute injustice est blâmable, principe essentiel en matière de religion.
Les injustices faites aux femmes, aux enfants, à toutes les minorités quelles qu’elles soient. Les injustices faites au registre du sacré m’affecte au plus haut point : l’être humain est sacré, les textes cultuels sont sacrés, la liberté d’expression est sacrée, la critique est sacrée, la pensée est sacrée, la vie est sacrée.
Je suis citoyenne française, engagée, inscrite à la participation ambitieuse d’un avenir meilleur pour toutes et tous. Ce témoignage est celui d’une femme de confession musulmane, qui souhaite rester LIBRE. J’entends par cet adjectif la liberté dans son essence pure. Celle OFFERTE par Dieu à l’Humanité, à savoir la liberté de croire ou de ne pas croire : le libre-arbitre, véritable fondement et plateforme du VIVRE-ENSEMBLE. J’ai voulu ce cri avec des mots simples, les miens et les vôtres. Loin des discours des intellectuels universitaires, ronflants d’égocentrisme. Ce cri n’en sera pas moins exalté. Car c’est aussi celui d’une femme inquiète, apeurée de tant d’expressions de violence, tant celle qui sort des pistolets-mitrailleurs comme celle qui sort des mots, du fin fond du préjugé et de l’analyse tronquée et manipulatrice.
Que Mohamed en tant que prophète, paix et salut de Dieu sur lui, soit soumis à la critique populaire, est une vérité établie, et écrite dans le programme de Dieu pour lui et pour nous. Son legs nous a enseigné le discernement et la clairvoyance. Voyons donc clair dans les rouages de ce monde qui se meut sous nos yeux et qui attend notre empreinte. Ce legs est comme le soleil. Il ne nous viendrait pas à l’idée de redouter le fou qui soufflerait sur le soleil, espérant éteindre sa lumière… Que redoutons-nous alors ? Si ce n’est de mourir ignorant, dans la rancœur et l’obscurantisme…
A mon époux, mes enfants, leurs enseignants, à ma famille spirituelle, à mes collègues, à mes partenaires citoyens, à tous ceux qui ont pleuré avec moi ces crimes horribles…
…soyons sereins, et avançons. Le projet de réforme attend ses bâtisseurs, et ses ouvriers de demain.
« Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent sur Terre sereins ; et qui ne répondent qu’avec douceur aux ignorants qui les apostrophent » [1]
[1] Sourate Le Discernement, verset 63.
Salam, Merci pour ce texte magnifiquement écrit, merci pour ces mots qui font écho en moi, merci pour ce cri empreint de vérité. merci.