Pour un regard tourné vers Dieu

La question des femmes occupe une place centrale dans les débats de société. Ainsi les sociétés traditionnelles comme les sociétés dites modernes établissent des réflexions et élaborent des pensées dans lesquelles le destin de la femme est tout tracé. Certains lui garantissent la préservation des feux de l’enfer à condition qu’elle se plie aux obligations supposées être les siennes quand d’autres lui promettent la liberté inconditionnelle et le bonheur terrestre pourvu qu’elle réponde aux injonctions qui lui dictent la manière d’être femme.

La voilà donc tiraillée entre des visions souvent extrêmes et chacun la somme de choisir son camp.

La nuance, l’harmonie, l’équilibre et la justice sont souvent absents de ces discours. La méfiance et   la colère seraient donc de mise pour toute personne sensible à la cause des femmes.

Le Professeur Abdessalam Yassine propose d’autres clés de lecture pour mieux comprendre la place des femmes et leur rôle dans notre monde.

La pensée qu’il développe trouve toute sa source et son inspiration dans le Livre de Dieu, le Coran, qu’il nous invite à lire avec un autre cœur et avec une autre intention ainsi que dans la voie prophétique qui constitue l’unique modèle de référence.

Le point de départ de sa réflexion nous met face à une vérité absolue : tout être humain est voué à quitter ce monde éphémère et, qu’il l’admette ou non, sera ressuscité dans une vie dernière et éternelle.

La notion de vie dernière constitue le pivot de sa pensée qui invite la femme au même titre que l’homme à construire son identité et son action dans ce monde en ayant pour certitude que tout individu rencontrera son Seigneur et que cette vie est l’opportunité unique de préparer cette rencontre.

La vie dernière n’est pas une notion abstraite qui pousserait l’être humain à fuir sa réalité qu’il jugerait rude et éprouvante, le poussant ainsi à se réfugier passivement dans un au-delà vague et incertain, elle constitue au contraire le principe mobilisateur pour la croyante et le croyant qui, au moyen d’une intention sincère et d’actions réfléchies, se mettent en mouvement pour édifier un monde juste et bon.

La femme est appelée à se tenir debout aux côtés de l’homme dans un esprit d’alliance, d’entraide et de bienfaisance pour construire les deux avenirs, pour préparer les deux devenirs : celui qui, après la mort, représente la demeure dernière et éternelle de l’individu et celui qui accueillera la justice et la bienfaisance en ce monde.

En attendant, c’est dans une société hostile à l’idée de Dieu l’Unique Créateur que les êtres humains vivent. Une époque qui se caractérise d’une part par la difficulté à définir et à distinguer clairement le vrai du faux, le beau du laid, le bon du mauvais…et d’autre part par l’ignorance des individus condamnés à n’être que matière leur reniant ainsi leur dimension spirituelle et par la violence systémique qui régit les relations humaines selon une logique de domination.

Or Dieu a créé l’être humain digne et libre et lui a donné pour mission de représenter les valeurs divines sur terre. Il est appelé à gravir le chemin de la Connaissance, une ascension qui se fait certes dans la rigueur et dans laquelle il rencontrera des obstacles mais qu’il saura surmonter grâce à une foi ancrée dans un cœur habité par l’amour de Dieu.

L’auteur de « Femmes Musulmanes » s’adresse aux croyantes dans leur diversité et les appelle à occuper la place d’honneur que Dieu leur a conférée, celle qui consiste tout d’abord à Le connaitre et à L’aimer, celle où elles sont invitées « à préserver ce que Dieu préserve » et à porter et accompagner la vie dans un élan d’espoir et d’amour puisant dans une science éclairée pour savoir quelle œuvre sera agréée.

À l’image du modèle de société établi par notre Prophète, paix et salut sur lui, où la couleur de peau, le genre ou l’origine sociale ne déterminaient pas la relation qu’un individu pouvait entretenir avec son Créateur, Abdessalam Yassine (paix à son âme) nous invite, femmes et hommes à « parcourir le fond de nos cœurs ainsi que les aspects de ce monde changeant », et à nous ressaisir de la question fondamentale : qui suis-je et quel est mon devenir auprès de Dieu ?

Prétendre porter la cause des femmes en tournant le dos à cette question centrale ne serait que mensonge et illusion.