La Kaaba, Maison sacrée de Dieu

Les rituels du pèlerinage s’expriment à travers une multitude d’images et de symboles. Chaque acte de dévotion porte en lui une signification spécifique, revêtant des nuances et des teintes précises dans le monde visible, tout en offrant une essence particulière dans le monde invisible. Dans cette série intitulée « Le Pèlerinage : Symboles et Secrets », nous explorerons les symboles et les mystères du pèlerinage, en méditant sur ces aspects pour bénéficier pleinement des effluves de la Miséricorde divine. Préparez-vous pour un voyage fascinant à travers l’histoire du pèlerinage à La Mecque, de ses origines à nos jours !

Kaaba, symbole de foi et d’unité

Le Hajj (Grand pèlerinage) a lieu tous les ans à la même date, pendant le mois sacré de Dhul Hijja. Tous les rites du Pèlerinage se passent à la Mecque ou dans ses environs.

La Mecque est une contrée très particulière qui a une valeur inestimable pour les musulmans, puisqu’elle a vu naître et grandir le prophète de Dieu, Muhammed, paix et salut sur lui. Cet endroit est également considéré comme sacré car il abrite la Kaaba, et le Coran y a été révélé. Les pèlerins qui s’y rendent se retrouvent au point de rencontre de toutes les nationalités, au centre vers lequel convergent les prières de la terre entière.

La Kaaba est un élément fondamental du pèlerinage. Elle se trouve à l’intérieur de la grande mosquée à la Mecque, que l’on appelle Masjid El Haram. Une grande étoffe en soie noire recouvre la Kaaba. C’est ce que l’on appelle la Kiswa. Des versets du Coran y sont cousus en fils d’or. Elle n’a pas toujours eu cette texture. Au fur et à mesure du temps, elle a évolué en fonction des moyens financiers et de la disponibilité des tissus. C’est pareil pour les couleurs. Elle a déjà été jaune, rouge, blanche et même verte. Le noir est ensuite resté pour son côté pratique et non-salissant.

Dès l’approche de la saison du Hajj, une sorte de bandeau blanc, d’environ 2 mètres de hauteur, entoure la Kaaba. Elle aussi met « son habit blanc » pour célébrer (avec les pèlerins) le mois sacré du Hajj.

Tous les musulmans du monde entier ont un profond respect et une très haute considération pour la Kaaba. Lorsque les pèlerins s’orientent vers elle pour prier, ils s’inclinent et se prosternent devant Dieu, l’Unique, le Créateur de l’Univers. (1)

C’est un endroit à part dans l’univers. Une seule prière accomplie tout près de la kaaba vaut plus de 100 000 prières faites ailleurs.

La Pierre noire de la Kaaba

La Pierre Noire est un élément important de la Kaaba. C’est une roche, comme son nom l’indique, noire, avec des teintes rougeâtres. Elle est encastrée dans un des angles de la Kaaba, entourée d’un cadre en argent. Elle a une forme ovale et mesure 30 cm environ. Au départ, elle était blanche (2). On ne connait pas véritablement sa forme à l’origine, mais de nos jours, elle est toute lisse, polie par les mains des innombrables pèlerins qui viennent la caresser. Descendue du Paradis, la Pierre Noire est une roche spéciale qui est très respectée par les pèlerins. Ils la caressent et l’embrassent pour imiter le prophète Muhammed, paix et salut sur lui, qui l’avait fait à son époque lors de son propre Hajj (3) Celui qui parvient à la toucher avec une bonne intention et un comportement convenable, aura beaucoup de mérites auprès de Dieu.

Un peu d’histoire

La construction de la première version de la Kaaba est pleine de mystère. Selon certains textes, ce sont les anges qui ont bâti les fondations de cet édifice sacré, bien avant l’arrivée d’Adam sur la terre. Cette construction est restée intacte jusqu’à la période de Noé. Puis, au moment du Déluge, elle a disparu. Plus tard, par inspiration divine, la Pierre Noire a été retrouvée par Abraham, paix et salut sur lui (grâce à l’Ange Gabriel), tout comme l’emplacement exact de l’ancienne Kaaba. Abraham et son fils Ismaël ont pu ainsi reconstruire la Kaaba au même endroit et avec les mêmes fondations que la première.

Avant la prophétie de Muhammed, paix et salut sur lui, la Kaaba et la Pierre Noire étaient déjà très respectées par les Arabes de l’époque. Ces derniers croyaient en un Dieu, mais ils Lui associaient d’autres divinités. C’est ainsi que certains éléments du monothéisme (4), remontant au temps des prophètes Abraham ou Adam (Kaaba, Pierre Noire, etc.) se sont emmêlés avec d’autres principes du polythéisme (statues, superstition, etc.).

Avant l’avènement de l’Islam, on comptait de très nombreuses statues et divinités à l’intérieur de la Kaaba. Lorsque le Coran a été révélé, le Prophète Muhammed, paix et salut sur lui, les a toutes enlevées et n’a gardé pour le Hajj que les rituels propres au monothéisme.

La Kaaba, un trait d’union

La Kaaba est comme un repère symbolique pour l’être humain sur la terre. Elle est un point de jonction concret, palpable, entre le monde terrestre et le monde céleste, puisque la Pierre Noire nous vient directement du Paradis. Elle est un élément physique que l’on peut toucher à notre tour et qui nous lie directement aux prophètes Muhammed, Ismaël, Abraham, jusqu’à Adam, paix et salut sur eux.

Pour les musulmans, c’est très émouvant de voir quelque chose qui a été regardé, porté ou même embrassé par ces grands Élus de Dieu. Le faire à notre tour en tant que pèlerin, permet de caresser secrètement le doux rêve de nous rapprocher un petit peu d’eux.

A quoi nous fait penser la Kaaba ?

La Kaaba, nous fait penser aux mathématiques ! Elle ressemble à un cube et elle est bordée par un arc appelé Hijr Ismaël. On la visite en cercle et on en sort en ligne droite. Elle est au centre du disque et serait même le centre de la Terre, la sphère bleue. La Kaaba fait aussi bien la multiplication des bonnes actions que la soustraction des péchés. Les musulmans qu’elle regroupe ne se divisent jamais et devant elle, les cœurs sont unis à l’infini.

Elle symbolise la maman ! Une mère qui est toujours là, elle attend le retour de ses filles, de ses fils, de l’enfant prodigue. Elle accueille tout le monde avec amour. Une maman dont les petits tournent autour d’elle, la touchent, l’embrassent. Elle est un référentiel, plein de force et de bienveillance. Regarder les parents est un acte d’adoration, regarder la Kaaba aussi…

La Kaaba est appelée la Maison de Dieu, la Maison Sacrée, avec toute la symbolique de la demeure. Les croyants recherchent en ce lieu, un point d’attache, un refuge, pour s’y reposer et récupérer de la force, de l’élan, pour mieux repartir. C’est un sanctuaire, un témoin du passé, qui traverse les âges et les époques. Autour d’elle, le monde se modifie, mais la Kaaba reste solidement inchangée, comme une bâtisse chaleureuse et un foyer qui défie le temps.

Elle évoque la Beauté ! Elle est très belle, raffinée et simple à la fois. Elle hypnotise presque. Elle nous attire comme un véritable aimant. Lorsque nos yeux se posent sur elle, surtout la première fois, il est difficile d’en détourner le regard, tant elle nous bouleverse de l’intérieur. Son aura, son énergie chaleureuse, la puissance spirituelle qui s’en dégage, nous renvoient à la Majesté du Tout-Puissant et nous poussent à la méditation. Les 4 coins de la Kaaba font face aux 4 points cardinaux, à l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud. C’est un peu comme une invitation à ce que chacun dans le monde, où qu’il soit, vienne admirer et contempler sa Beauté.

Extrait du livre « Le pèlerinage » de Amel Ayan

(1) Coran : La vache, verset 14 : « Tourne donc ton visage vers la Mosquée Sacrée. Où que vous soyez, tournez-y vos visages. »

(2) « La Pierre noire est descendue du Paradis plus blanche que le lait, puis les pêchés des humains l’ont noirci » (Rapporté par at-Tirmidhi et Ahmad).

(3) Il est rapporté qu’Omar, que Dieu l’agrée, se présenta à la Pierre et l’embrassa en disant : « Je sais que tu es une pierre et que tu ne peux ni apporter profit ni porter préjudice. Si je n’avais pas vu le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) l’embrasser, je ne l’aurais pas fait. » (Rapporté par Boukhari et Mouslim).

(4) Le monothéisme est le fait de croire en un seul Dieu, Créateur de l’Univers, à l’inverse du polythéisme, qui consiste à croire en plusieurs divinités.